La pêche au vélo et Pleejonk

 

Je sais pas si c'est la pleine lune, ou bien le beau temps qui règne en permanence, ici, en Dominique, à moins que ce ne soit les trémolos du cacarente, ou encore le nouvel album de David Beauyesss, toujours est-il qu'en ce moment j'ai plein d'idées ! Trop sans doute. Mais, bon !

J'ai commencé par mettre cet afflux d'inventivité débordante au service du Speejonk, cette merveilleuse invention qui me semble, aujourd'hui, indispensable à bord de tout cata de voyage, spécialement ceux à équipage modeste (j'aime pas « réduit » ; ça fait petit joueur, je trouve. Equipage réduit: c'est des pygmés ou quoi?)., et dont au sujet duquel il m'a quand même fallu douze transats et un tour du monde pour avoir le déclic…..mais, bon ; on fait ce qu'on peut.

Ainsi donc, viens-je de mettre au point, avec l'aide de mon équipière et épouse, Malou, le tout nouveau Pleejonk, lequel se trouve être un genre de Speejonk qu'aurait boudé l'enrouleur, et qui se manœuvre donc avec……des bretelles ! Un peu moins « portant facile » que l'autre, mais, en revanche, moins cher et plus simple à installer.

Et, c'est ainsi que, les idées se bousculant dans mon cabéchon, mis en ébullition par le traditionnel ti'punch du soir (je ne me l'autorise pas le midi, sauf cas exceptionnel, de peur de virer pochetron, mais pourtant ça me démange….), j'en vins à cogiter « pêche ».

Piètre pêcheur, je n'en descends pas moins d'une longue lignée de taquineurs de morues de St Pierre et Miquelon (soyons clairs : je parle bien des morues qui nagent dans la mer…). Parfois j'ai un peu honte d'être si médiocre, mais, je prends sur moi. Je me suis toujours abstenu de m'équiper de ces dispendieux instruments modernes à base de fibre de carbone, de moulinets multi vitesses à frein autodémangeur, étincelants comme des vitrines de bijoutiers, et de leurres plus appétissants que les poissons qu'on peut prendre avec, mais qui en coûtent dix fois le prix. D'un point de vue économique, ce style de pêche….y aurait à redire…..A dépense égale, j'aime mieux acheter le poisson au marché : ça fait marcher le commerce local, et ça dégueulasse pas le canote. Ceci dit, c'est chacun son goût.

Donc, en résumé, point de toutes ces modernités à bord de Catafjord . La pêche s'y pratique en trainant derrière une poupe (ou les deux parfois), une méchante ligne surdimensionnée, et vachement bien visible, qui remorque un énorme hameçon double, vaguement camouflé par un leurre fait-main, à base de vieux bout' décommis. Moyennement appétissant comme truc. Parfois ça donne, mais on ne décime pas la ressource avec ça….Un ami pêcheur polynésien de Huahine, après avoir observé mon matériel, m'avait balancé cette sentence : « avec ça, tu ne peux prendre que des poissons complètement abrutis…..».

Et donc, c'est en repensant à un de nos grand champion qui a mené son énorme trimaran à la victoire dans une Route du rhum,que ma capacité innovatrice du moment (ça doit être la pleine lune, en fait) a débouché sur un système qui pourrait bien remplacer avantageusement les fameux moulinets à « watmilboules ».

Voici :

Si je prends un des vélos du bord, que je le fixe intelligemment à la poupe, et, que j'hôte les rayons de la roue arrière, en utilisant le moyeu d'icelle comme tambour d'enroulement, nous voilà t'y pas en présence d'un moulinet de Ouffff, grâce auquel remonter n'importe quel marlin, ou thon, ou daurade ou sardine (cherchez l'intrus), sera un jeu de papy. Alors, c'est pas génial comme idée ça ? Et puis, comme le vélo, il est électrique, si ça force un peu, on peut aussi s'aider avec la batterie.

Eh, remorquer un thon de cinquante kilos en pédalant devant lui sur un vélo sans roue arrière, sur le pont d'un cata tiré par son brave Pleejonk, c'est un scène qui vaudrait son pesant d'huile de foie de morue ça, isn' it? Sutout photographiée par notre Jonathan international......mais, bon, c'est pas encore fait.

Bon, évidemment, ça ne nous résous pas le problème de l'efficacité du leurre.

Cependant, sachant que, lors d'un bord de Pleejonk » la vie à bord est si simple et si tranquille qu'il n'y a strictement rien à faire tellement c'est peinard, j'aurais pléthore de temps libre pour inventer un truc percutant que je me ferais ensuite un devoir de communiquer à mes amis par e-mail, avec, toujours, un timbre pour la réponse.