Lundi 13 Janvier; Waterfront marina.

Changement d'ambiance. Renseignements pris, il n'est pas question de squatter dans le port de commerce.....c'est marina obligatoire. Malou négocie ferme. Les deux jours déjà passés seront "offerts", mais à partir de maintenant tout de suite, c'est cinquante euros par jour. Supportable, donc; surtout pour un endroit aussi plaisant.

Capetown est une ville vraiment agréable à vivre. On y ressent un bien-être que l'on trouve rarement dans une aussi grande ville.

Aussi, une mention particulière mérite d'être évoquée au sujet du système de bus urbains. N'ayant pas, loin s'en faut, fréquenté toutes les grandes métropoles du monde, mon analyse ne saurait prétendre au plus petit début de commencement d'exhaustivité. Cependant, nous n'avons jamais encore utilisé un système de transport aussi agréable et efficace que celui-ci; champion du monde!

L'infrastructure en a été mise en place au moment de la coupe du monde de football 2010. Les nombreuses routes et autoroutes alentours étaient alors fréquemment engorgés de clampins en bagnoles jouant à se chatouiller les pare-chocs en polluant l'atmosphère.....vous voyez le genre.....Après la fièvre footballistique, une entreprise privée a été chargée d'exploiter cet outil de déplacement initialement financé par l'état, au profit des Capiers....(les habitants du Cap sont des Capiers, comme le célèbre produit de maintenance plantaire inventé par les Deschiens au siècle dernier.....remember).

Les bus actuels, qui bénéficicent d'un réseau routier spécifique, et d'un système de contrôle d'accès par cartes éléctroniques dernier cri, permettent de se déplacer rapidement, confortablement, et pour pas cher; cependant que le réseau routier "respire" un peu moins mal. Bravo les sudafs! Si d'aventure, un jour, trainaillant sur le quai St Félix, du coté du "Spirit" ou du "Sémaphore", je tombe nez à nez avec Mr Héros, pour sûr, je lui en touche un mot (évidemment, il risque de me répondre un truc du genre:"ça m'en touche une sans chatouiller l'autre...").

Notre séjour à Waterfront marina aurait dû être une suite ininterrompue de journées indolentes, partagées entre les balades tranquilles en ville, les visites de musées, aquarium, jardin public et autres bar à vins..... Au lieu que de ça, un ami dont je tairais le nom par amitié pour Michou....., a trouvé très malin de réactiver tout-à-coup, un endormi projet commun de bazar secret destiné à permettre aux catamarans de croisière de se trainer un peu moins au vent arrière. Et, donc, nous voici, Malou et moi, transformés en businesscouple afin d'approvisionner ceci et celà, le truc et le machin, et toute cette sorte de joyeusetés nécessaires à la réalisation du prototype dont au sujet duquel, soyez tranquilles, je ne dévoilerais rien du tout! Bref, la vie est belle, malgré que nous travaillions un tout petit peu en ce moment.....merci Kritou! et, mollis pas, surtout.

Un spectable inusable dont nous bénéfiçions chaque jour quotidiennement dans cette belle marina sise en pleine ville urbaine, c'est celui des nombreux phoques, nos voisins de palier comme qui dirait, puisqu'aussi bien, eux aussi habitent ici. Une colonie de plusieurs dizaines d'individus moustachus comme des sapeurs, croissent et se multiplient dans l'enceinte même de la marina. Affectionnant, semble-t-il, la chaleur, ces nounours aquatiques et ruisselants ne se privent pas de squatter les pontons les moins fréquentés. Ils s'y rassemblent volontiers pour quelques siestes entrecoupées de pugilats bruyants.....vous savez comme sont les mâles; toujours enclains à bousculer leurs concitoyens afin de déterminer qui c'est qui pisse le plus jaune.....au moins, ça permet à Malou de faire de belles photos.

Samedi 18 Janvier, 13h;

L'imposante masse de la "Table mountain" n'est plus, à présent, qu'une ombre délicate sur l'horizon diaphane, loin derrière nos poupes. Nous avons mis fin ce matin à notre inoubliable escale du Cap, après trois quarts d'heures de poireautage dans le bassin de la marina, à attendre que le préposé se décide enfin à manoeuvrer son pont basculant.

Il fait une température hivernale; j'ai ressorti mon bonnet de laine, qui n'avait plus connu que le fonds de son tiroir depuis la Bretagne... Après trois heures de navigation au moteur, le vent s'est levé, et il atteint maintenant 22 noeuds, poussant Cataf à bonne vitesse vers Saldanha, une soixantaine de milles au nord.

Nous cotoyons des troupeaux de phoques, bondissants par centaines à la poursuite de leurs proies, à la manière des dauphins, surplombés par leur nuage d'oiseaux de mer qui profitent, eux aussi, du buffet gratuit.

18 heures; des rafales d'un trentaine de noeuds rendent notre arrivée un peu tonique; puis la Rocna descend sagement cramponner le fond de la baie pour nous assurer une nuit tranquille.

Dimanche 19 Janvier;

Une petite visite préalable au chantier "Yachtport" qui doit sortir Catafjord de l'eau demain, nous permet d'en rencontrer, un peu fortuitement, le responsable technique, un dénommé Glenn. Personnage à l'amabilité mesurée, il nous annonce avec un sourire mi-amusé, mi-moqueur, mi-narquois, qu'il n'est pas dans ses intentions de procéder à cette manutention, pour diverses raisons plus ou moins recevables, dont une: il y aura trop de vent, lequel, hélas, soufflera travers à la darse, et, donc, la manoeuvre sera trop délicate à son goût; il nous conseille donc d'attendre des conditions meilleures.....vers la fin de la semaine peut-être.....

Bien qu'étant pourvu d'une patience peu commune, solide et inaltérable comme ma prothèse de hanche en titane chromé, il n'est pas dans mes stratégies favorites de surmonter les difficultés en procédant par attente, et pas seulement de camping....Aussi, convenons nous quand même d'un rendez-vous demain matin, de bonne heure et de bonne humeur.

Ainsi qu'elle le fait volontiers avec qui sait l'écouter, la nuit m'apporte son conseil.

Lundi 20 Janvier, 8 heures;

c'est donc muni d'une idée qu'il serait malhonnête de qualifier autrement que de "géniale", que nous pointons nos étraves au catway d'accueil de la mini-marina qui jouxte la darse du travlift: neuf mètres cinquante de capacité en largeur, pour recevoir les neuf mètres vingt de notre modeste barcasse....."ouahhhhh! trente centimètres!" comme s'exclamait la jeune mariée.....

Notre gaillard, bien évidemment, réitère ses conseils visqueux, auxquels je répons avec un sourire parfaitement naturel, et même jovial: "t'inquiètes pas pépère; fais rouler ton zboube, on sera devant dans un quart d'heure". Et nous convenons qu'il nous "prête" un de ses gars pour nous aider à bord, pendant la manoeuvre.

La ruse, c'est de frapper une amarre longue en bout de ponton, laquelle, judicieusement réglée à bord, maintient le bateau travers au vent. En la mollissant progressivement, Catafjord arrive, en douceur, exactement en face du travlift, et peut alors facilement être "tracté" à l'intérieur par deux amarres arrières, hâlées par le petit personnel du chantier. Simple et efficace. Hélas, super glènmuche n'a pas été inspiré par quelque conseil nocturne venu de l'au-delà, et son bazar est infranchissable, car les sangles, trop courtes, barrent notre route en buttant sur les safrans.....heureusement que ma trouvaille est efficace, car la manip de positionnement durera deux bonnes heures, durant lesquelles le petit personnel sue sang et eaux pour décrocher les sangles, les faire descendre au fond, puis les remettre en place après franchissement des appendices.

11heures: Catafjord, dûment positionné et calé au sec sur le terre-plein, tout s'enchaine sans grande surprise, si ce n'est celle de constater que l'ancien antifouling de deux ans et deux mois d'âge est encore efficace et très peu sale (mais il n'en reste presque plus, et on voit au travers....). Considérable dépense d'énergie, tout de même, jusqu'au Jeudi matin, où pépère nous remet à l'eau après avoir affirmé que: "non, demain, y peut pas....". Si l'on met à part ce pisse-froid mal boutiqué, on peut dire que le chantier Yachtport SA est une très bonne adresse, je l'affirme sans sourciller; mais, n'en parlez pas à mon pote JL; l'année dernière, il a pas aimé du tout......

Depuis notre passage, kivousavé explique à ses clients, que la manoeuvre d'arrivée se fait en frappant une amarre à terre, travers au vent.....

Jeudi 23 Janvier; quelle joie de se retrouver au mouillage avec les carènes bien propres, et tout le bin'sse dûment vérifié avant de continuer notre route vers l'ouest.

Et, puis, ce soir, c'est soirée "boeuf strognof" promotionnel au yacht club; alors, ça va être cool, forcémment.

En définitive, cette escale de Saldanha, bien que moyennement éxotique à cause de la proximité de quelques installations industrielles, se révèle des plus agréables, car la baie est bien abritée, le mouillage confortable et sûr et le yacht club particulièrement convivial.