Jeudi 29 Août; premier jour de la fête des baleines: la "Tsulabé". Le grand espace gazonné servant habituellement de terrain de sport aux écoliers, a été réquisitionné pour l'occasion. Une scène occupe un des cotés, composée d'une estrade posée sur des bidons en acier, et d'un toit de tôles ondulées supporté par des poteaux de bois d'arbre.... Les trois autres cotés sont garnis de stands contigüs, la plupart dédiés à la restauration. Ces échoppes éphémères sont constituées de parois en branches d'eucalyptus, avec les feuilles encore vertes, d'une charpente en bois et bambous, et d'une toiture de palmes d'arbres du voyageur..... ambiance "koh lanta", un peu.....ces gargottes offrent aux visiteurs un confort très relatif, une cuisine locale simple, de la bière "three horse beer" (alors qu'elle fait cinq degrés.....) à moins d'un euro la bouteille de 65cl, et du rhum arrangé qu'est capable d'en arranger plus d'un. Un auvent composé d'une simple bâche permet de s'abriter de la pluie (un peu comme lors d'un retour de noce en Finistère, pour ceux qui connaissent.....). La fête accueille un plublic très cosmopolite et bigarré. Quelques bourgeoises locales arrivent en touk-touk (triporteur motorisé à deux places, mais on y monte fréquemment à cinq....), vétues de leurs meilleurs atours.....hélas, les averses de la nuit dernière ont crée quelques zones marécageuses dans lesquelles leurs hauts talons s'enfoncent sans grâce, cependant que d'autres pauvresses, pieds nus, promènent nonchalamment leur élégance, altière autant que dépouillée. Les enfants jouent, seuls ou à plusieurs, comme jouent tous les enfants du monde, se déhanchant en cadence, au rythme de la sono; c'est attendrissant de voir ces petiots sachant à peine marcher et que la musique fait déjà danser, comme malgré eux.....

De petits groupes, tous habillés pareil, font leur fête entre eux, frappant du tambour, agitant des maracas faites de boites de conserve et de graines, et dansant entre eux.

Les officiels, trônant sur la scène pour la cérémonie d'inauguration, emmerdent le monde avec des discours trop longs....comme partout. Et pendant ce temps, la baleine, à bosse.......

Samedi 31 août; déjeuner dans un des stands de "Tsulabé", avec viande de zébu, car nous savons qu'il en a été sacrifié un ce matin même pour l'occasion. (Je sais, faire sa fête à un zébu le jour de la Tsulabé", c'est un peu incongru, mais personne ne nous a consulté sur ce sujet.....non plus que sur aucun autre d'ailleurs). Un petit rhum arrangé par là-dessus, et nous voici prêt à partir à la visite du cimetière des pirates. Pas tellement entretenu; les pierres y sont brisées, disloquées, pour la plupart, et les inscriptions qui y figurent sont rarement lisibles. Cependant, l'endroit est charmant, perché sur une hauteur, et ombragé par un grand nombre d'arbres du voyageur qui déploient avec majesté leur majestueuses palmes en éventail. Sur le chemin du retour, une improbable course de motocross regroupe une poignée d'amateurs de gadoue, crottés des pieds à la tête, et qui ne risquent certes pas de serrer leurs moteurs avec leurs cadences de chauffeurs/livreurs......

Dimanche 1er Septembre; au stand de bouffe de notre pote Armel, l'occasion m'est offerte de goûter de la chauve-souris; le goût me plait bien, mais question consistance, c'est un peu de la semelle....ça doit être bien musclée comme bestiole une chauve-souris; on comprend mieux le mérite qu'elles ont à rester en l'air: il doit leur falloir pédaler dur!

Lundi 2 Septembre; assis à l'ombre d'un palmier sur un parapet de béton bordant la route, nous attendons un taxi-brousse, en compagnie de quelques dames du village voisin, afin de nous rendre à la pointe sud de Sainte Marie. Le temps est magnifique; l'air du matin se chauffe lentement grâce à une légère brise; tout est parfait....ou presque......car, un "détail" nous fâche un peu: nous avons été volés la nuit dernière, à bord du bateau, pendant notre sommeil! Les deux portes étant vérouillées de l'intérieur, les escrocs se sont contentés de chaparder la radio VHF et le GPS traceur de cartes qui étaient dans la timonerie extérieure, et facilement démontables, ainsi qu'une paire de chaussures que j'avais laissées dehors afin qu'elles bénéficient d'une toilette gratuite en cas d'averse nocturne. C'est cet incident désagréable qui donne un goût amer à notre randonnée du jour. Nous apprenons que d'autres larcins ont eu lieu à la ville, probablement commis par des voyous venus de Tananarive à l'occasion de la fête.

J'avais, dans ma liste de travaux à faire, une ligne:"monter l'alarme".....cette ligne devient immédiatement prioritaire.

Le taxi brousse tardant à passer, nous reprenons la marche à pieds; la route est plutôt en bon état, et les habitations et échoppes diverses plutôt coquettes, quoique sans luxe aucun. Nous sommes en territoire "touristique".....un taxi-co s'arrête enfin, qui nous emmène bientôt jusqu'à la pointe sud de l'île. Une armée de piroguiers arranguent le "vaza" (nous), pour proposer leur service: le franchissement du bras de mer d'environ 300 mètres qui nous sépare de l'Ile aux nattes. Notre chauffeur de taxi-brousse a négocié pour nous un tarif acceptable, avec un rasta très motivé venu nous accueillir deux cent mètres avant le terminus. Le gars nous accompagne en petite foulée, tout en discutant avec notre chauffeur (de sa com, sans doute....), afin de s'assurer de ne pas se faire griller par un de ses potes en arrivant. Le tarif doit être compétitif, car aucun moins-disant ne s'interpose. Notre embarcation est une pirogue en bois équipée de deux flotteurs, comme qui dirait un trimaran, quoi! Je propose d'aider en maniant la pagaie, cependant que notre piroguier pousse le fond avec sa pigouille; notre "association" provoque les railleries de ses camarades: je ne comprends pas le malgache, mais j'ai bien cru comprendre: "bravo Bob Marley! tu te fais transporter par des blancs toi; très fort!!!!".

L'Ile aux nattes est ravissante; peut-être un peu trop orientée "tourisme". Les habitants, dont une grande partie vit de cette manne touristique, se sont regroupés dans un village, sobre, mais coquet. On y trouve des rizières, et des cases construites sur de courts pilotis, entièrement à l'aide de matériaux locaux. Les "murs" sont assemblés par une technique particulière que je n'ai pas encore observé ailleurs; constitués d'une sorte de roseaux recilignes, montés verticalement, avec l'intérieur assez mou, les tiges sont réunis entre elles par des barres transversales de bois dur qui les transpercent de part en part. Ansi, cette structure est invisible, et on ne voit que les roseaux juxtaposés côtes-à-côtes. Les toitures sont de palmes et durent environ trois ans, sauf si un cyclone provoque un remplacement prématuré.....L'île est ceinte de plages de sable blanc, protégées, par endroits, de récifs corailiens. Quelques lémuriens se prélassent dans les arbres, et ne réclament pas de "cadeau" pour se laisser photographier. On peut se restaurer pour trois ou quatre euros dans des gargottes sans prétention (mais on peut aussi, dans des établissement à touristes, gaspiller largement sous le nez des malgaches qui vivent par familles entières avec deux euros par jour). On a l'impression de payer son repas avec des cartes postales car les billets d'ariarys ne sont point ornés de la tronche de je ne sais quel illustre bipède, mais de lémuriens, d'arbre du voyageur, de baobabs, de pirogues, et......de bulldozer (plus louche déjà......).

Mardi 3 Septembre; je vous le prédisais: l'alarme est en place, et nous dormons, de nouveau, en sérénité.

Mercredi 4 Septembre; nous quittons Ambodifotatra en début d'après-mid, route au nord, sous génois seul, de manière à être suffisamment lents et évolutifs pour pouvoir observer les baleines, fort nombreuses dans le quartier. L'une d'elle nous suit à notre insu, et se décide à faire demi-tour au raz de notre poupe tribord alors même que nous avons stoppé le canote en vue d'immerger l'ancre pour la nuit au mouillage de Lokintsy.

La nuit tombe; plusieurs pirogues quittent la baie, lamparo allumé, s'enfonçant dans les ténèbres à la quête de la nourriture de demain. Nous ne pouvons retenir un furtif sentiment de suspicion à leur égard: "et s'il leur prenait d'idée de nous "visiter" au retour"....Pourtant, il semble difficile d'imaginer que ces braves gars, bollotés toute la nuit au raz des flots, pour nourrir leur famille, sur une frêle embarcation de quatre ou cinq mètres de long, creusée à la main dans un tronc d'arbre, puissent être des malfrats......j'en doute.

Jeudi 5 septembre; nouvelle navigation sous génois seul, pour approcher les baleines, puis, vers 16h, l'ancre descend dans la jolie baie d'Antanambe. Paysage verdoyant, belle plage, les cases à peine visibles dans la végétation, et quelques pirogues de bois équipées de pauvres péchous....tableau serein et touchant....Pourtant, encore vexés de nous être fait dérober une partie de l'éléctronique, nous restons sur nos gardes et ne mettons pas pied à terre.

Vendredi 6 septembre, le temps est idéal pour avancer encore un peu vers le Nord. Après le petit grain du matin qui rince le pont, le ciel se dégage et c'est une gentille brise d'une douzaine de noeuds qui nous pousse, toutes voiles dehors vers notre prochaine escale. J'ai tout de même pris le temps de préparer une bouteille de rhum-gingembre avant de partir, car l'élixir doit macérer un mois avant qu'on puisse le consommer.....faut donc s'y prendre un peu à l'avance.

Nous marchons bien, et Masoala est atteinte vers 15h après une scéance de slalom entre les patates de corail pour entrer dans le mouillage, véritable hâvre de paix, juste dans l'ouest du cap Antsirikira (dont la devise est:"antsirikira bien antsirikira le dernier".....c'est du malgache.....intraduisible....). Un immense récif casse efficacemennt la houle du large et permet de savourer pleinement la beauté sauvage de cette côte située en plein parc national et accessible presque uniquement par bateau ( on peut aussi le faire à pieds par une piste qui nécessite un guide et plusieurs jours de marche). Le littoral, alternant plages de sable blanc et noires roches volcaniques est totalement investi par une forêt primaire; pas étonnant quand on sait qu'il pleut ici six mètres d'eau par an. Par chance, notre court séjour se déroulera sous le soleil.

Au premier abord, l'endroit semble désert; cependant, il ne se passe pas bien longtemps avant que des pirogues ne s'approchent de Catafjord, pour proposer......des langoustes péchées du jour.... ce sont, en fait, des cigales, que nous troquons contre des ticheurtes usagés, ainsi que des bananes et des oeufs de canne, (dont le gars affirme que ce sont des oeufs de coq!!!!!). Hélas, nous ne parvenons pas à converser car presque personne ne parle français, ni anglais ici.

Samedi 7 Septembre; le vent étant faible, nous décidons d'une journée sans navigation, avec visite au village de Masoala.

Grand dénuement; pas d'éléctricité, modestes cases en bois et palmes, pirogues monoxyles à pagaies et quelques rares voiles en plastique d'emballage. Le troc se fait souvent avec des vêtements, ce qui se conçoit aisémment car presque tout le monde est en haillons....le pauvre fait volontiers montre de négligence vestimentaire, j'ai remarqué....Le contact est difficile avec cette barrière de la langue, et aussi du fait de l'immense différence de niveau de vie qui nous sépare.

Un groupe de deux ou trois charpentiers construit, à ciel ouvert, un canote à moteur, ponté, avec une timonerie à l'arrière, d'une dizaine de mètres de long; ils ne sont équipés que d'outils manuels (et d'une tronçonneuse à chaine). Les femmes lavent le linge dans la rivière, en le frottant contre une grosse pierre émergente, un seul misérable bout de savon pour tout le monde. Certaines cases, vides, à l'intérieur d'un enclos, portent un écriteau: Hotel.

Un gars mal luné invective Malou, parce qu'il s'est retrouvé dans le champ de son objectif pendant qu'elle prenait une photo d'ensemble. Nous décidons de ne pas moisir ici.

De retour à bord,une nouvelle scéance de troc avec des pêcheurs en pirogue permet de remplir le freezer d'un beau calamar et de deux langoustes, en échange de quelques fringues et d'une revue en français.

Dimanche 8 septembre; festival de galipettes baleinières. Elles jaillissent de la mer comme des exocets, mais, avec un vol nettement plus bref, et un amerrissage plus écumant, dont les gerbes se repèrent a plusieurs milles. Malou peine un peu à les attraper dans son objectif; ce n'est pas très évident.

La baie d'Angonsty héberge déjà deux bateau lorsque nous y pénétrons, en milieu d'après-midi: un remorqueur et le voilier de nos copains canadiens Joe et Janet. La large barrière corailienne ne parvient pas à casser totalement la houle du large, dont une composante résiduelle imprime à Catafiord un mouvement de roulis qui nous dissuade de mettre le newmatic à l'eau, et donc, nous allons nous contenter d'admirer le paysage à distance, encore une fois.

 

Lundi 9 septembre; Janet et Joe ont quitté la baie dès six heures ce matin. La côte n'offrant aucun abri avant des dizaines de milles, nous en serons quitte pour une nouvelle nuit en mer. Sur la plage, les villageois hâlent un filet, autour duquel se forme bientôt un attroupement, à l'heure du partage. Nous appareillons vers neuf heures, tirant aussitôt vers le large pour bénéficier d'un vent plus fort qu'à la côte. La mer est formée, et le ciel un peu chargé, mais ça reste des conditions météo sympas. Dès la sortie de la baie, les baleines nous émerveillent à nouveau, en extirpant leurs vingt-cinq tonnes de la mer, à la verticale, pour retomber lourdement sur le dos; c'est leur méthode de carénage. Elles font ça pour se débarasser des parasites qui les envahissent et les freinent dans leur nage. A quand un antifouling spécifique pour baleines? (n'importe quoi....); mais.....en achèteraient-elles au moins? (n'importe quoi....), rien ne permet de le savoir (encore n'importe quoi.....)

PS: ceux qui n'apprécient pas ces intermèdes délirants peuvent se rendre immédiatement, non pas à la police, mais au chapitre suivant, qui est, lui, d'un grand sérieux, et d'un interêt majeur, index, annulaire, etc.....

Mardi 10 Septembre, au matin, en mer; belle navigation! depuis notre départ, hier, le vent a fraichi graduellement, en parfaite conformité avec nos prévisions météos, atteignant un agréable quinze noeuds en début de nuit, comme pour assurer une honnête moyenne sans fatiguer son monde. Du coup, nous avons décidé de viser directement Diego Suarez, menant Catafjord vent arrière, voiles en ciseaux, sans "zourit", hélas (clin d'oeil à Patrick....). Le nord de Mada est une région très venteuse, spécialement en période d'alizé bien établi, et donc, l'anémo s'énerve de plus en plus au fur et à mesure que la nuit s'avance....tant est si bien qu'à quatre heures du matin, après mon quart de six heures d'affilée, je profite de la relève pour crocher un ris dans la grand'voile avec l'aide de mon matelot de charme. Vers midi, nous sommes devant la passe d'entrée de Diego Suarez..... entretemps, nous avons empanné deux fois et croché le deuxième ris (alors qu'avec "zourit".....mais bref). Le vent est maintenant établi à trente noeuds avec des accès convulsifs à trente-cinq, et même l'intérieur de cette immense baie est blanc d'écume. Il est treize heures trente quand la pelle descend immobiliser le canote, sous le vent de la ville, bien à l'abri. Et ça, c'est bon!

Hélas, nous sommes dans une zone militaire (mais comment le deviner?...); un remorqueur genre "Porstrain", mais en version "tas de rouille" (même militaire, le pauvre se complait dans la négligeance, je vous le disais....) pointe son étrave afin de nous informer, de vive voix, de notre nouveau projet de déménagement immédiat..... Ainsi, un peu avant que la nuit ne vienne envelopper de son voile noir notre nouveau hâvre bien peu exotique, la fidèle Rocna va se blottir dans la vase du port de commerce, à proximité immédiate d'un cargo à quai et de l'usine à poissons, ce qui est parfait, vu que, les cocotiers, ça va cinq minutes, mais ça finit par lasser....alors que là.... bref, pour dormir, ça ira très bien.

18h: Il est temps que je martirise un peu mon accordéon, pendant que s'évapore insidieusement de sa chope mon petit rhum arrangé apéritif, dont je lappe le contenu avec une parcimonie pâpale et qui pourtant se vide à vitesse épiscopale, comme un calice en période post-élévation, ce qui prouve bien qu'il ne peut s'agir que d'un phénomène évaporatif......; ou alors, c'est un miracle, mais ça, ça m'étonnerait; c'est pas le pays. Conclusion: c'est la chaleur! ce qui prouve bien, s'il en était besoin, que les tropiques, ça n'a pas que des avantages! ( je dis ça pour mettre un peu de beaume au coeur des quelques ceux qui voient déjà poindre à leur huis un nouvel hiver rigoureux....).

Mercredi 10 septembre; débute une journée que nous redoutons un peu.....Il nous faut, en effet, quitter le bateau, dans cet endroit réputé infesté de voleurs, afin d'aller quérir notre extension de visas, auprès d'une administration qu'on nous affirme versatile et corrompue. Nous préparons soigneusement "l'expédition": aucun bagage sur nous, pas de sac à dos, pas d'appareil photo, le fric réparti dans les poches du short délavé, en compagnie des passeports et d'une collection de photocopies variées.

dix heures: c'est parti! Un certain David, nous accueille, en proposant son aide pour hâler le newmatic sur la grève, et ensuite en assurer la garde, car:"faut faire gaffe aux voleurs ici....". Question de sa rémunération, "c'est comme on voudra", à notre retour. David a une bonne tronche. Nous restons un moment sur place, à deviser de choses et d'autres, puis, envahis par une réconfortante confiance plus ou moins fondée, nous lui confions notre super dinghy. "Un moteur comme ça, ça intéresse plein de monde ici", nous lance son pote rasta, pour nous rassurer.....ça marche moyen (pas le moteur; le rassurement). Faut y aller, on verra bien. (aller où? : à jacta Est..... )

La Renault 4L est incontestablement le véhicule emblématique de Madagascar. Tous les taxis de Diego Suarez sont des 4L jaunes! Celui dans lequel nous embarquons en compagnie de quatre autres personnes!!!!, peine à vouloir franchir le raidillon qui mène à la ville.....faut dire, avec ses trois cent mille kilomètres, le véhicule est du genre "bien amorti", même si, question "amortisseurs", y aurait à redire.....mais, bon, c'est pas le sujet. Très rapidement, nous nous retrouvons devant Monsieur le Directeur de l'Immigration, personne très digne, siégeant derrière un bureau propre, ordonné, et modernement équipé. Nous lui expliquons le motif de notre requête en extension de visa. Avec un professionnalisme qu'on souhaiterait volontiers dans toutes les administrations du monde (riches et pauvres confondues), cet homme, à la stature imposante, met en place en quelques minutes tous les éléments nécessaires à la réussite de notre projet; tant et si bien, qu'avant la fin de la matinée, nous nous sommes acquittés du réglement des sommes dûes, directement auprès de la recette des impots, et, le préposé aux passeports a recouvert une page entière du précieux document d'une multitude de tampons, soigneusement alignés bien parallèles aux bords, à l'aide d'un tampon encreur, certes du siècle dernier, mais cependant recelant encore un peu d'encre en son sein; la preuve: nul besoin de traquer la goutte sur les bords; au contraire, il appuie son tampon bien au milieu, là où le tissu mouillé est un peu en creux, et ça, c'est un signe! ça veut dire qu'il a confiance, et qu'il maitrise parfaitement le degré d'humidité de son encreur; et c'est ce qui remplit d'aise le touriste en mal d'extension de visa, qu'une sécheresse d'encreur n'aurait pas manqué d'inquiéter. Y a pas à dire, le professionnalisme, ça paye toujours!

Midi n'a pas encore sonné au beffroi de mon minuteur à oeuf dur, lorsque nous sortons dans la rue, les précieux documents en poche. Bingo!!!! Pour fêter ça, nous nous offrons une pizza à 2,7 euros, bière comprise. Une bonne surprise n'arrivant jamais sur une patte, tout s'est passé à merveille également du coté du nioumatik et de son gardien, lequel se voit voter illico une grasse rémunération pour son service: 1,7 euros. Il est très content! ses potes nous aident à tracter les deux cents kilos du bazar sur le gravier; ça y est: Diego Suarez est en train d'être promu, de "coupe-jarret" au rang convoité d'"escale de rêve"......

Jeudi 11 septembre: L'examen météo des prévisions à court terme laisse entrevoir une accalmie vendredi matin. On dit qu'on part à cinq heures et demie. (pour aller à Jacta Est....encore!!!!!)

 

 

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