"Musulman", en anglais, ça se dit "muslim"; j'y pense tout-à-coup car il y a quelques belles mosquées par ici. Ces gars-là ont un plat favori à base de patates écrasées auxquelles ils ajoutent du lait et du beurre; ils appellent ça la "purée mouslim".....étonnant, non?

Phuket est une île, et non pas une ville, comme je suis certain que le croient certains incultes dont je tairais les noms pourvu qu'ils me fassent parvenir une boite de chocolat pour Noël.....cependant, elle a perdu une partie de sa spécificité îlienne à cause du cordon ombilical d'asphalte qui la relie au continent: le pont Sarasin.. La ville principale en est "Phuket city".....

En ce moment, nous sommes ancrés au Nord de Phuket, en face de la marina de "yacht haven"; (tous ces noms Thaïlandais, je m'y perds un peu.....).

Jeudi 20 décembre; nous louons une auto pour aller un peu visiter l'intérieur de Phuket et sa capitale. Pour vingt euros, nous nous voyons confier un petit pick-up nissan ni propre.....normal, noir, avec la clim et une boite automatique. Un détail non dénué d'importance: les Thaï, gens aimables et avenants, honnêtes et travailleurs (attention, faut pas trop réver quand même, ils ont leurs ramiers comme tout le monde), sont affublés d'une redoutable tare: ils conduisent à gauche. Je vous le dis tout net: ce n'est pas plus commode que ça pour des gens normaux, comme nous......soyons bien d'accord, je ne dis pas ça pour critiquer; conduire à droite, à gauche, au milieu, en arrière, en crabe.....que sais-je.... je respecte tous les goûts; mais ça serait tout de même plus simple si tout le monde se mettait d'accord pour procéder de la même manière....disons, comme nous,.... par exemple....mais bon, me revoilà parti à rêver.... à cause de noël sûrement....C'est marrant, ici, en Thaïlande, les gens sont bouddhistes ou taoïstes, ou musulmans....mais des cathos, il n'y en a presque pas; et pourtant, ils fêtent noël exactement comme si c'était un truc aussi important que l'annniversaire de la naissance de Mitterand..... C'est fou ça! C'est peut-être le coté "dinde aux marrons" qui les motive? pourtant, aucun restau ne propose ça, bizarre.....si quelqu'un possède un début d'explication, ça m'intéresse (le Xave, il aura certainement des explications....., dûsse-t-il les inventer dans l'instant). Mais, revenons à notre pick-up noir; le démarrage est un peu hésitant.....limite gogole même; l'étroit chemin ombragé qui mène du parking de la marina à l'autoroute grimpe gaillardement, débouchant dans le monde des terriens par un virage à gauche, comme qui dirait "en épingle à cheveux crépus" si vous voyez le genre....bref, ça se fait; et même à quarante à l'heure, nous voici bientôt à la station service. La coutume, en matière de gestion du carburant dans un véhicule loué, est de le prendre en charge presque vide,...disons, juste assez pour se rendre à la première station.... et de le restituer de même; question de convention. Les guides touristiques indiquent que les Thaïs parlent fréquemment anglais; ceci est tout-à-fait exagéré, et on est très content lorsqu'on trouve un interlocuteur qui baragouine quelques mots avec son épouvantable accent oriental. C'est le cas à la station service; aussi, c'est par geste que la demoiselle de faction à la pompe (on parle de produit pétrolier là) m'explique comment extraire la clé de contact, laquelle lui est nécessaire pour nous livrer les dix litres d'essence nécessaires à la balade du jour. La bagnole possède, en effet, un petit bouton "unlock", habilement planqué sous la clé de contact, et que je n'ai pas vu; ceci m'a permis de confirmer brillamment le coté "povcouillon" que j'arborais déjà en arrivant dans la station à deux à l'heure, et en me gourrant de pompe.....Bref, là, c'est parti. Les Thaïs ont une manière assez particulière d'interpréter leur code de la route; disons, pour faire court, que tout ce qui est interdit,....on peut le faire quand même,.....mais faut faire gaffe! genre, rouler à contresens, franchir une ligne continue, passer au feu rouge, etc, ....toutes ces pécadilles auxquelles on aurait tendance à s'accrocher bêtement lorsqu'on roule en France; ici, on peut le faire, mais avec discernement, voyez....à bon escient comme qui dirait. Par exemple, si un gendarme est là à ce moment-là, c'est pas à bon escient.....Donc, celui qui veut procéder comme ça, il faut qu'il fasse gaffe, alors forcémment, les autres aussi....et ça serait un peu ça le truc pas fastoche. Phuket est traversée par des axes routiers à deux fois trois voies!!!!!! ça vous la coupe ça. Mais attention, il n'est pas tellement recommandé, et pas tellement possible non plus, de dépasser les quatre-vingts kilomètres/heure. Explication: déjà, la voie de gauche est réservée aux deux-roues, ainsi qu'aux trois-roues, les fameux side-cars en fer à béton que vous ai déjà décrit, on ne va pas y revenir à chaque fois, z'avez qu'à prendre des notes; bien sûr, grâce au système des trucs interdits qu'on peut le faire quand même, les autos y vont aussi, et même des fois les camions....donc, en principe, vous circulez sur la voie du milieu, cependant que les mecs préssés vous doublent sur la voie de droite, et que les mecs hyperpréssés vous doublent à droite ou à gauche, en slalomant au gré des opportunités! attention, n'allez pas conclure que c'est la foire; tout au plus un grand marché populaire. Mais les meilleures choses ont une fin, et nous bifurquons bientôt sur une modeste deux-voies qui nous laisse enfin admirer les paysages champêtres représentatifs du vrai Phuket des vrais Thaïlandais. Quelques instants seulement, car nous arrivons maintenant sur la côte ouest, haut-lieu du tourisme de masse: plages de sable blancs, mer plate, alignements de transats à parasols, de restaus, de stands de massages, bref, alignement de tous les trucs qui ravissent le touriste. Par chance, un jeune gars, dealer de" croisières à la journée en speed-boat", vient nous faire un brin de causette; le tourisme, c'est son job et c'est de ça qu'il tire ses revenus; pourtant, il ne rigole pas tous les jours, car cet afflux d'argent fait monter le cours de nombre de denrées nécessaires ce qui lui complique bien le budget, ainsi qu'à beaucoup d'autres natifs.....

Le centre de Phuket-ville nous plait bien. On y retrouve cette atmosphère pleine d'humanité qui appartient aux cités peuplées de vrais gens. Ainsi, une jolie façade de maison sophistiquée et pimpante en cotoie-t-elle une autre qui a dû être coquette elle-même, mais c'était il y a soixante ans; un peu plus loin, le trottoir, noir de cambouis, est jonché de pièces mécaniques issues de moteurs thermiques en cours de traitements lourds.....un tour usine un vilebrequin; un mécano jovial, assis sur son tabouret/bidon d'huile, rectifie des sièges de soupapes à l'aide de sa fraise pneumatique. Dans la sellerie voisine, trois jolies dames s'affairent à leurs machines à coudre; un quatrième larron, assis au sol en tailleur, au milieu d'un amoncellement de vieux fauteuils et de coussins éventrés, manie les aiguilles et le fil sans se rendre compte que s'assoir en tailleur quand on est sellier constitue une faute professionnelle manifeste.....Les rues sont grouillantes d'ateliers mélangés aux boutiques de tout: fringues, bijoux, horlogerie, chapeaux, peintures, meubles, salons de massage.....c'est vivant et authentique. Se présente tout-à-coup à nos yeux un établissement tellement sympa que nous nous y arrêtons sans préméditation; pour y boire un coup! Le décor est tout de verdure, de fontaines et d'art populaire; l'ambiance est sereine, les serveuses avenantes. Il s'agit d'un restau très coté qui se nomme "natural restaurant"; cloisons végétales, musique d'ambiance, clapotis de l'eau qui ruisselle, portaits naïfs sur branches de cocotiers; très agréable établissement.

Le retour vers Yacht haven s'avère un peu fastidieux; l'unique route est surchargée à cette heure-là; avec cette signalisation, inhabituelle pour nous, une attention soutenue est indispensable.....pour finir par se gourrer quand même; il faut dire qu'ici, tout est écrit en spaghettis, vermicelle, vers de terre.....bref, pas d'alphabet; bien sûr, souvent il y a une traduction en anglais juste au dessous, écrite un peu comme les petites lignes superimportantes des contrats.....plus c'est important pour nous, plus c'est écrit petit..... comme si c'était fait exprès pour nous enduire dans l'erreur. Au cours de la journée, j'ai tout de même pris un peu d'assurance avec le pilotage du pick-up; aussi, je m'offre une petite régate avec le chauffeur du bus bondé qui roule toujours à fond sur la voie de droite. Des fois il me double, des fois, c'est moi.....mais je finis par le niquer: deux ou trois slaloms et un coup de bol avec un feu vert qui devient rouge pour lui, et "adios amigo", comme on dit en Thaïlande quand on est un espagnol en vacances. La nuit arrive, et nous aussi, dans le parking de la marina.

Samedi 22 décembre; le jeune gars avance, seul à bord de son long-tail; il ralentit son moteur et sort son hélice de l'eau, progressant sur son erre, à trente mètres de Catafjord, son filet et ses ancres soigneusement disposés à l'avant de son canote. Le moment venu, il balance une des ancre à l'eau, signalée par un minuscule flotteur, et immerge de nouveau son hélice; le filet descend le long du bordé, guidé par une simple perche en bois, jusqu'à environ un demi-mille; là, il mouille la deuxième bouée d'extrémité, avant de mettre en oeuvre l'arme la plus redoutable du pêcheur: la patience. Je l'observe, là-bas sur l'eau, trop éloigné pour que je puisse distinguer quoi que ce soit, je l'imagine bidouillant son moteur, ou alors cassant une petite graine, ou encore fumant une petite cibiche.....à moins qu'il ne s'emploie à solliciter en prières les faveurs de Bouddha, ou d'Allah, ou peut-être même des deux, on n'est jamais trop prudent.

En Thaïlande, la pêche fait travailler plus de 500000 personnes! Un siamois, ça bouffe en moyenne 45 kg de poissons par an (en plusieurs fois, bien sûr....). Les pêcheurs Thaïs ramassent 6,5 fois plus de poissons que leurs homologues français, avec 7 fois plus de canotes. Par contre, la gestion de la ressource ne les préoccupe pas outre mesure, et la surpêche épuise celle-ci inexorablement. L'état a mis en place d'importants programmes d'aquaculture; le pays est déjà un géant mondial de la crevette. Je me marre, car j'ai devant moi un article de journal qui cause de tout ça, et où l'on peut lire: "ici, on possède la culture de la turlutte"....(je l'ai surligné), et un peu plus loin: "il s'agit là d'un savoir-faire purement localisé à l'Asie"! alors là, je m'insurge! je connais bien d'autres endroits où......mais où m'égare-je encore?

Lundi 24 décembre; bon, c'est pas tout ça; voici que la mère Noël pointe son savoir-faire localisé sous la forme de petites friandises apéritives à déguster d'urgence, avant de nous diriger vers la plage de Nai Yang où nous avons l'intention de reveillonner aux étoiles en compagnie d'un couple d'amis de longue date (deux jours.....), Brigitte et Christian qui vagabondent depuis un paquet d'années à bord de leur First 35.

Mardi 25 décembre; voilà, c'est fait! "joyeux noël, vous aussi, vous en êtes un autre.....", tout ça c'est bâché, et tout a été pour le mieux; vous pouvez arrêter de vous vous inquiéter pour nous.....bonne bouffe, feux d'artifice sur la plage à dix mètres de nous, envoi de ballons/montgolfières porte-bonheurs, et retour à bord sans souci......Impec!!! maintenant, que le Bouddha porte sur vous son regard bienveillant, inch Allah.