Samedi 21 Mars: fin du séjour à Paradise point. Hier, nous sommes allés faire nos adieux à Florence, la gentille pâtissière du village. Ce matin, le soleil est au rendez-vous pour assister à l'extraction de notre ancre de son costume de vase....Elle était bien enfouie....Un vigoureux vent de sud-est nous accompagne dans le dédale de canaux du Broadwater pour aller, en début d'aprés-midi, planter la pioche au nord de Macley island, accomplissant ainsi nos premiers milles de navigation post "arrêt cyclonique"; ça nous fait bien plaisir de nous remettre en route.

Dimanche 25 Mars; il reste encore quelques bricoles à terminer avant de faire hiverner les outils, aussi, partageons nous notre temps, aux premières escales, entre boulot le matin, et ballade ensuite. L'inconvénient de l'escale du jour, c'est qu'ici, il est malaisé de débarquer à basse mer à cause de la vase; nous le faisons pourtant, et c'est une véritable corvée que de s'en extraire, au retour de la promenade, pour rejoindre notre bord. Les 180 kilos du Newmatic motorisé sont collés à la vase comme une monstrueuse sangsue, et c'est avec des ahanements de lutteurs de foire que nous parvenons enfin à lui faire rejoindre l'élément liquide, grâce au ciel, juste à temps pour l'apéro......oufffff!

Lundi 26 Mars; une jolie brise de sud-est nous pousse gentiment jusqu'à Tangalooma sur Moreton island, et nous y mouillons dans 16 mètres d'eau limpide. Un dugong, résidant autochtone du lieu, sort sa tête de l'eau, puis replonge aussitôt dans un élégant mouvement de cétacé miniature. L'endroit est ravissant sous le soleil: une interminable dune de sable jaune surmontée de végétation, qui héberge un ensemble hôtelier sans tapage et convenablement intégré. Un gros ferry vient chaque jour beacher en face de la route, assurant ainsi le modeste trafic de véhicules entre Moreton et le continent. Les clients de l'hotel ont droit à un wharf plus "confortable", desservi par des catamarans généreusement motorisés et donc très rapides. Un mille plus au Nord, reposent quelques dizaines d'épaves de gros bateaux venus là terminer leur vie utilement.....du moins le pensait-on en les conduisant à cette dernière demeure à dessein d'en faire un brise-lame destiné à favoriser l'émergence de quelque projet d'accueil de bateaux de plaisance......ça n'a pas fonctionné comme prévu, on n'a pas construit de port, et ces collines de tôles rouillées sont devenues l'attraction du lieu et un but d'excursion pour les touristes. Tout comme ces séances quotidiennes de restauration des dauphins, à 7 heures du soir, pour le dîner; connus et répertoriés, ils ont chacun leur nom et sont "pointés" à la craie sur le tableau vert; une colonne spéciale mentionne le nombre d'inconnus venus en touriste au festin.

Mardi 27 Mars 20h30; Au lit de bonne heure! déjà, nous sommes bien fatigués après cette première journée en mer, la première depuis plusieurs mois; elle a été plutôt rock'n roll: 25 noeuds de vent moyen, mer formée, et grains atteignant 35 noeuds, avec, en point d'orgue, le mouillage où nous avons trouvé refuge pour la nuit: un des plus rouleurs que nous ayons connu depuis notre départ de Nantes en 2007; j'en ai omis de prendre l'apéro, c'est vous dire..... un comble! Et puis, une grosse journée nous attend demain; donc, tisane et au lit de bonne heure, bercés par un roulis de monocoque.....

Mercredi 28 Mars; la nuit a été bien peu reposante; le roulis s'est accentué petit à petit jusqu'au matin; nous ne trainons pas à réraper l'ancre, route au nord, et c'est parti, tranquilou. Puis le vent s'établit du sud-est vingt a vingt cinq noeuds, ce qui nous est suffisant pour décider de faire route sous génois seul, notre vitesse avoisinnant les sept noeuds. Les renseignement que nous avons concernant le franchissement de la barre d'entrée de Tin Can bay, la redoutable Wide bay bar, sont franchement mauvais; en ce moment, on ne passe pas. Qu'à celà ne tienne, nous passerons la nuit prochaine en mer pour contourner Frazer island par le nord puisque l'accès sud est trop dangereux actuellement. Le vent est soutenu, et la mer assez forte, cependant, sous ce soleil radieux, ce sont de bonnes conditions de navigation. Lorsque les ténèbres nous enveloppent, nous sommes dans l'Est de Frazer; il reste une bonne cinquantaine de milles avant le virage à gauche, matérialisé par une cardinale Nord qui permet de parer les nombreux dangers qui débordent cette "plus grande dune du monde". Le ciel se charge de gros nuages pleins de présages pas poilants....et donc, forcémment, quelques farouches surventes énervent l'anémomètre jusqu'à presque quarante noeuds, donnant un tour un peu angoissant à notre ballade nocturne. Bon, d'accord, sous génois seul, arisé en plus, c'est pas la terreur, mais honnêtement, j'aime mieux plus peinard que ça si c'est possible. Tout se passe bien; le virage à gauche intervient vers deux ou trois heures du matin, et nous terminons la route en fin de matinée, avec l'atterissage sur Burnett river. Pas fâchés de de retrouver à l'abri dans cet excellent mouillage de Port Bundaberg, confortable et sûr, auquel nous avons déjà goûté il y a quelques mois. Nous y séjournerons plusieurs jours, car le risque de cyclone, au nord, n'est pas nul, et il ne faut pas"remonter" trop vite.