Vendredi 9 Mars; sitôt levé, j'aime bien aller pisser une tasse debout dans la jupe arrière, tout en savourant un bon bol d'air matinal, pour dire d'avoir un contact intime avec la journée qui débute. Hélas, ce vendredi, mon petit plaisir quotidien est gâché par une effarante abondance de méduses qui évoluent tout autour du bateau, portées par le courant de flot; ces bestioles sont présentes en si grande quantité qu'il en est certaines, incapables de s'écarter, qui se frottent sur toute la longueur des coques, jusqu'à se "ventouser" sur la prise d'eau du groupe éléctrogène, stoppant totalement l'arrivée d'eau; le vide crée par la pompe, le temps de stopper le groupe, est si poussé qu'il me faut avoir recours à la grosse clé à molette pour parvenir à devisser le chapeau du filtre et vidanger les morceaux de "gélatine" arrachés à l'animal. Par chance, auncun dommage n'est à déplorer coté Catafjord; et c'est tant mieux, car le programme des prochains jours est assez complet comme ça. Nous avons décidé de faire place nette dans la cabine milieu tribord, celle qui donne sur le carré. Au fil du temps, celle-ci s'est trouvée envahie par toutes sortes de trucs "qui peuvent servir", infligeant au carré la navrante vision de son aspect "foutoir". Mais, halte là! pas de ça chez nous; la plaisanterie a assez durée; c'est aujourd'hui que des mesures concrètes sont adoptées et immédiatement mises en application. Premio: tout sortir. Deuzio: trier..... troizio: ranger ailleurs, ce qui restera après le tri! Bon! ça exige de fabriquer un placard supplémentaire, sis dans la coque babord, à proximité immédiate de la machine à laver. Ce placard, ajouté au boulot à réaliser dans la cabine elle-même constitue un programme suffisamment copieux pour nous occuper utilement jusqu'au moment de filer vers le Nord, début Avril. L'opération "destockage avant liquidation totale" déleste le canote d'une bonne cinquantaine de kilos, prestement déposés dans la benne à gravats d'une entreprise voisine. Mine de rien, la liste de travaux à faire, établie à notre arrivée à Paradise point, en a pris un sérieux coup; au point qu'il ne va bientôt y rester que de bricolounettes de rien du tout.

Samedi 10 Mars; depuis quatre pleines journées, le beau temps n'a pas failli! pas certain que ça dure.....la saison des pluies ne doit, en principe, prendre fin que dans un mois environ.

Il y a certainement des vacances en ce moment, car les casse-burnes motorisés ont refait leur apparition; moins nombreux et moins virulents qu'à Noël toutefois.

Mardi 13 Mars; depuis Panama, mes rollers sommeillaient dans le placard où les avait relégués l'inexorable désintégration de ma hanche. Par bonheur, depuis que le Docteur Le Couteur a mis son habileté et ses trépans du même métal au service de la réhabilitation de cette articulation défaillante, non seulement je peux de nouveau me déplacer en rollers, mais Malou doit même pédaler ferme pour me suivre à vélo (c'est elle qui me l'a dit); il faut tout de même reconnaitre que le revêtement des routes et trottoirs est particulièrement "roulant" par ici; je me régale!

Mercredi 14 Mars; promptement levés, la mission du jour est d'importance: nous devons nous rendre à Brisbane afin de demander le renouvellement de nos visas en voie d'expiration. Au moment de quitter Catafjord, curieux incident, un piaf gros comme une mouette, mais presque tout noir, se met la tronche dans les pales de l'éolienne et s'écroule sanguinolant sur le pont, avec un vilain bruit mat,..... prématurément enlevé à l'affection des siens. Depuis, notre machine à vent fait un bruit suspect ; le volatile a dû abimer quelquechose, à quinze mètres là-haut; faudra que j'aille voir.....

Notre ami Dennis nous conduit à la gare avec sa grosse auto, puis le train nous dépose, une heure plus tard, au centre de la grande ville noyée sous des trombes d'eau. Malou a pensé à prendre un parapluie. Super!.....hélas, le modèle sur lequel elle a jeté son dévolu est une récente invention chinoise acquise à vil prix.....y sont vraiment trop fort ces chinetoques: ils ont osé le parapluie a usage unique! son maniement est des plus simples; jugez z'en en restant zen: après acquisition (une super-affaire s'il en est...), dès l'apparition des premières gouttes, ouvrez le bazar et mettez vous dessous afin de profiter pleinement et immédiatement des avantages de votre investissement. C'est fantastique! il pleut et on n'est pas mouillé....Par contre, attention à ne pas commettre une erreur malheureusement trop commune: refermer le bourrier après l'averse en vue de le réutiliser ultérieurement......ça, c'est la boulette! la dernière des sottises! à éviter impérativement! à partir du moment ou quelqu'un se lance dans cette manoeuvre insensée, l'autodestruction de la chose se déclanche, et l'ineluctable abandon de l'objet est proche....nous, toujours optimistes, nous l'avons déjà manoeuvré deux, ou même, oserais-je l'avouer, trois fois, notre pépin le bref; c'est vous dire s'il est ruiné! .......à quand le parapluie soluble dans l'eau qui se dissoud progressivement pendant l'averse afin de ne pas encombrer son monde quand survient l'embellie? et, puis, tout le monde le sait, un parapluie à dix sous, c'est pas excessif.....

Question "visas", notre inutile inquiétude est vite balayée; tout se passe gentiment et rapidement ; en fait, il faut juste prouver que nos moyens de subsistance sont suffisants pour prétendre s'incruster ici encore quelques mois; c'est tout! moyennant quoi, une fois réglé les deux fois 290 dollars requis, on a le tampon sur le passeport, et le tour est joué.

C'est l'Irish festival en ce moment, pour honorer la mémoire de St Patrick; ce qui nous donne droit à un joli concert gratuit en plein centre ville ( la pluie a cessé...). Puis nous en profitons pour acheter un orgue éléctronique pour Malou, l'ancien ayant succombé à un petit arrosage à l'eau de mer survenu il y a plusieurs années à la faveur d'un oubli de verrouillage de hublot. Retour à Paradise point par train, puis bus: trois heures et demie de trajet!

Jeudi 15 Mars; en allant faire quelques emplettes en vélo entre deux averses, Malou chute sévèrement après avoir fait un écart pour faire place à des piétons; la voilà en vrac par terre avec plusieurs hématones et trente-six chandelles sous le casque; pas de contusions grave heureusement, mais elle a mal partout. Courageuse, elle insiste pour continuer comme si de rien n'était....n'empêche, au retour à bord, ce qu'il reste du tube d'Arnica y passe; et elle a de vilaines bosses sur le tibia, lequel a pris une couleur indéfinissable genre vomi de goniole tirant un peu sur le violacé....

Vendredi 16 Mars; depuis notre retour à Paradise Point, il y a maintenant une semaine et demie, nous avons bien bossé sur le canote améliorant un tas de petites choses.

Je prends le temps d'écrire tranquilou un mail à mon pote Jojo pour lui donner quelques conseils afin de l'aider à revigorer les varangues peut-être légèrement flageolantes de son nouveau canote, quand, tout-à-coup soudainement, toc, toc, toc....on frappe à la coque; les autorités du Broadwater ont été prévenues par un aimable anonyme que nous avons dépassé le délai maximum autorisé pour stationner ici, et, donc, nous sommes priés de déguérpir pas plus tard que demain matin, et ceci pour au moins 24 heures....qu'à celà ne tienne; nous allons faire une petite croisière d'agrément vers Tipplers passage, c'est pas loin.

Dimanche 18 Mars; hier, j'ai profité qu'il y avait beaucoup moins de méduses dans les eaux de Stradbroke Island pour aller, en plongée, gratter nos hélices, de nouveaux colonisées par les berniques. Dés ce matin, retour à Paradise point en tout début de journée à la faveur de la pleine mer; nous avons rendez-vous avec nos amis Valérie et Dennis pour visiter ensemble un bateau à propulsion hybride, le Voyager 10,40; ensuite, Malou propose de déjeuner ensemble à bord de Catafjord, avant que nos amis ne reprennent la route de Brisbane. Les gens détestent rouler de nuit ici, à cause des kangourous qui traversent les routes la nuit et qui heurtent souvent les voitures.

Lundi 19 Mars; encore une bonne journée de bricolage; il a beaucoup plu et nous sommes réstés consignés à bord. Pourtant, une petite marche vers le village nous permet de prendre l'air en fin de journée. Passant devant un des restau, Malou me fait remarquer son nom, original: "Red Onion".....sûrement un établissement pour homosexuels avec un nom comme ça......