samedi 15 Octobre; Refuge bay: très joli abri sis à l'intérieur de "Nara inlet", profond fjord de la côte sud de Hook Island; ça ressemble un peu à notre précédent hâvre, sauf qu'ici, ce n'est pas mangrove partout. Au contraire, de larges zones sont constituées de rochers avec un look très spécial que nous ne tarderons pas à aller découvrir de plus près. Mais, il faut d'abord trouver un endroit pour "garer" le Newmatic; pas si simple! avec ses 200 kilos, et les 3 mètres de marnage, on ne peut pas le laisser s'échouer sur les blocs de pierre au risque de ne plus pouvoir l'en extraire à notre retour.....nous finisson par lui trouver un genre de petit quai naturel au milieu de tous ces éléphantesques galets. Pour le gars qui serait amateur de "cailloux", disons le genre géologue, ici, c'est le paradis! le minéral a fait l'artiste en modelant sa matière en une multitude de sculptures et de fresques d'une étonnante originalité; on trouve même des motifs géométriques qu'on se demande comment la nature a pu faire ça alors que normalement, il faudrait disposer de règles et de fausse-équerres pour dessiner des trucs pareils. La ballade en elle-même a un petit coté "varape" par moments , mais bon, ça se fait. De retour à bord de Catafjord, nous recevons une visite; "Georgie" et "Ross", accompagnés de leur chien "Timy" nous abordent en dinghy pour nous offrir un morceau du poisson qu'ils ont péché; "come on board" qu'on leur dit pour faire le genre qui parle couramment leur dialecte local (alors que y a encore du boulot....); puis on boit un peu de vin de Bordeaux en faisant connaissance.

Dimanche 16/10; Georgie et Ross avaient une petite arrière pensée en nous abordant: leur frigo est en panne et ils nous demandent d'heberger leurs victuailles le temps de résoudre leur problème.....nous acceptons, malgré une petite odeur....

Le cacatoës de base, faisant ses commissions pour la semaine, me semble manquer singulièrement de savoir-vivre, jugez plutôt: pas plus tard que tout-à-l'heure, nous étant rendu sur la berge, nous laissons le dinghy amarré à un gros rocher, rapport à l'histoire que je vous ai déjà raconté que faut absolument qu'y flotte encore à notre retour, sinon "galère"; tout ça pour s'en aller visiter le site préhistorique où on peut encore voir des peintures rupestres faites par quelques artistes antédiluviens et sûrement mal payés il y a de ça disons 3000 ans au bas mot, et je pèse mes bas-mots; bref, c'est ce qui est écrit sur les pancartes quand on grimpe le failli chemin qui permet de visiter ce truc. Très instructif au demeurant: on y apprend que les habitants de la région s'appellaient "Ngaro", ce qui me fait penser que nous avons, sans le savoir, connu un de leur descendant.....si, celui qui chantait à Toulouse sous un pseudonyme précédé d'un prénom bien français; mais son vrai nom, c'est maintenant évident, c'était "Glaud Ngaro". Mais revenons à notre volatile; nous avions imprudemment laissé, sur la plage avant du Newmatic, un sac poubelle bien garni attendant patiemment que nous accostassions dans une de ces contrées civilisées où fleurissent les containers collecteurs de nos immondices. Hors, il advint qu'à notre retour de l'éxcursion éducativo-préhistorique, le sac en question était déchiqueté et son contenu étalé "tout en pagaille" comme on dit en Celtonie. Nos soupçons se portent tout de suite sur un des voisins......les canadiens avec les 3 mômes peut-être?.....ou alors ce couple de Néozed sur un pauv. canote à moteurs de même pas quarante pieds......grrrrrr! manman est énervée, et pâpâ ôssi! De retour à bord de Catafjord, je remets le dinghy dans ses bossoirs et refait en ruminant une poubelle propre avec un sac tout neuf garni des vieilles saloperies. Sitôt la besogne accomplie, un magnifique oiseaux blanc termine son vol majestueux par le petit coup d'aile "à contre"qui lui permet de se poser sur le balcon arrière:c'est un cacatoës, la crête jaune fluo herissée comme à la parade. Le bestiau scrute avec insistance la poubelle neuve, révélant, s'il en était besoin, sa culpabilité dans ce qu'on peut désormais appeller "l'affaire du sac poubelle éventré". Désireux de lui éviter la tentation d'une regrettable récidive, j'ôte prestement le sac de sa vue en le dissimulant dans le coffre avant de l'embarcation, et "va-z-y soulever le capot maintenant que je voye ça!". Eh ben voilà, la réaction du félon volatile est quasi immédiate: un lâcher de fiente baveuse sur la teugue et by-by à tire d'aile......cependant que s'abaisse inéxorablement le cac40, le cac-toës s'envole......

Mercredi 19 Octobre; voilà maintenant quatre jours que nous sommes"coincés" dans cette baie profonde par un fort vent d'Est; l'abri est bon, mais ça nous manque de ne pas pouvoir aller nous dégourdir les guibolles. Par chance, nous faisons ici la connaissance d'un sympathique navigateur solitaire Nazairien, Jean-Marc à bord de son Gib-sea "Shangri-là", passant de bons moments ensemble à évoquer quelques souvenirs et à dresser la longue liste de nos amis communs.

Samedi 22 Octobre; Blue pearl bay, au nord-ouest de Hayman Island, risque bien d'être notre denière escale de cette croisière aux Whitsunday; l'île est classée parc naturel et il est recommandé de s'amarrer aux coffres mis à disposition par les autorités pour éviter de racler les fonds avec chaines et ancres. Ces "public moorings" sont un modèle du genre, calculés pour tenir un bateau de vingt mètres par plus de 30 nds de vent; tout y est généreusement dimensionné; par contre on doit normalement libérer la place au bout de deux heures......un peu court; alors on va rester pour la nuit. Etant à quelques dizaines de mètres seulement du reef, Malou peut aller à la nage rencontrer les merveilles sous-marines qui la ravissent. Autre sujet d'interêt pour nous, le chemin de randonnée cailloteux qui serpente sur les flancs de la colline, invitant à la contourner. C'est là qu'au retour d'une marche de 5 km notre attention est attirée par des animaux, que nous prenons d'abord pour des chiens; ils s'enfuient à notre approche en bondissant dans les broussailles; ce sont des wallabys, petites marsupiaux herbivores de la famille des kangourous. Alors, c'est pas exotique comme rencontre ça?

Dimanche 23; nous profitons d'une jolie brise de travers pour filer à bonne allure vers Airlie notre prochaine escale, sur le continent cette fois. La baie est immense, bien abritée des vents de secteur Est à Sud, mais la houle y entre assez facilement. La Rocna descend se blottir dans le sable, recouverte par 3 mètres d'eau à basse mer.

Nos squatter de frigo sont là depuis 2 jours, manifestement impatients de récupérer leur boustifaille; après quelques brefs échanges de politesses, ils quittent précipitemment les lieux ..... en embarquant nos sacs à provisions prétés pour leur faciliter le transport.....les rustres!

Ambiance vacances ici. Airlie Beach est une station très branchée, paradis du farniente avec ses boutiques de mode, ses bistrots et restaurants, et un étonnant lagoon artificiel, véritable méga-piscine situé à proximité immédiate de la plage; personne ne se baigne dans la mer car l'eau y est inféstée de méduses très dangeureuses. Le problème peut se contourner par l'acquisition de combinaisons intégrales en lycra, ce que nous faisons. Puis, nous retrouvons ici avec joie, et par hasard, au bar du Yacht club.....Damien et Allison rencontrés le jour de notre arrivée à Mackay; ils viennent d'étrener la nouvelle acquisition du frangin, Simon: un joli canote de 10 mètres acheté d'occasion avec lequel ils comptent bien écumer les Whitsunday pendant tous leurs congés des prochaines années.

Mercredi 26; Jean-Marc, notre pote nazairien, a mouillé son canote à coté, et nous accompagne pour la randonnée du jour; 7 kilomètres à travers bois, pour gravir le mont Rooper et atteindre Swamp bay de l'autre coté de la presqu'ile. L'attraction du jour c'est la rencontre au bord du chemin de varans, bestioles de plus d'un mètre de long relevant de l'iguane et du crocodile à moins que ce ne soit caïman un gros lézard.....le troisième que nous croisons nous fait son show en grimpant à un arbre pour prendre la pose. Avec la bonne mousse bien fraiche que Jean-Marc fait péter au retour en ville dans un bistrot à la mode, ça nous fait encore une journée pas pire....

Jeudi 27 Octobre; avec mon équipière chérie on a commencé à citer des dates.....ça sent le départ! encore un ou deux jours ici, et nous allons attaquer la descente vers Brisbane; rendez-vous a été fixé avec le plus gros chantier local pour sortir Catafjord de l'eau et lui refaire une carène propre; si tout va bien ce sera du 23 au 30 novembre; nous avons le temps pour faire la route tranquillement, mais faut y aller.....