vendredi 30 Septembre; la croisière débute par une mini escale au ponton à carburant. C'est que les 98 heures de navigation au moteur de notre dernière traversée ont sérieusement amoché les réserves de gas-oil....par contre, j'ai maintenant des éléments pour calculer notre consommation; elle s'établit à 4,1 litre/heure à 2300 tr/mn, ce qui est 18% inférieur à la normale. Ceci est le premier résultat de mes récentes modifications sur les moteurs, et je suis dans l'idée qu'il y a encore autant à gagner en augmentant la température de fonctionnement de mes réacteurs Pantone; affaire à suivre.....Une jolie brise de nord nous propulse à St Bees island au prix de quelques heures de louvoyage. A bord de Catafjord, naviguer au près sur cette mer plate est loin d'être désagréable. La baie qui nous accueille est constituée d'une colline verdoyante plantée de quelques pins colonnaires pour faire des tâches plus sombres; pas de clapot, mais c'est plutôt ventilé.....bah, ainsi les batteries resteront bien chargées; j'entends l'éolienne qui miaule en sourdine; faut que j'y aille, c'est l'heure de l'ap......

samedi 31; il existe, dans le nord de l'ile voisine "Keswick", une petite baie qui devrait pouvoir nous offrir un bon abri pour les vingt noeuds de vent de sud préconisés par la météo; les trois milles qui nous en séparent sont promptement avalés aux moteurs, luttant contre trois noeuds de courant dans le passage d'Egremont. Nous y sommes! l'eau, claire, est à 22°c, ce qui me semble glacial.....mais ne rebute pas Malou; elle part guillerette faire sa randonnée PMT (palmes-masque-tuba).....et en revient ravie! En cours d'après-midi, alors que tout est si serein, une vilaine nappe glauque d'un marron/vert malodorant envahit notre refuge....j'aurais bien voulu penser que ce n'était là que résidus végétaux, mais j'ai bien peur qu'il s'agisse d'une misérable pollution, peut-être bien issue de la population pétrolière géante qui squatte en face de Mackay.....les nombreuses mesures Australiennes de préservation de l'environnement ne me semblent pas avoir 100% d'efficacité.....dommage.

Dimanche 2 Octobre; c'est l'ile Thomas qui va nous offrir son hospitalité; une belle brise portante nous conduit sous génois seul dans sa grande baie occupée à notre arrivée par un seul autre bateau, qui partira rapidement, nous laissant seul faire les Robinsons sur ce caillou inhabité. Les tortues, curieuses, approchent du bateau, tendant leur cou hors de l'eau pour venir aux nouvelles, et plongent dès qu'elles nous voient. Une mouette a élu domicile dans le dinghy et en profite pour le repeindre, mais nous n'aimons pas la couleur....faut tout refaire! La leçon d'accordéon a lieu sur la plage; la mouette est là, qui écoute.....apprécie-t-elle? Un truc super sympa avec l'alizé, c'est qu'on assiste souvent à des couchers de soleil somptueux, car, on mouille la plupart du temps sur des cotes ouest, sous le vent; et donc, c'est tranquillement vautré dans un transat, une bière fraiche à proximité immédiate de la main droite, une petite musique distillée par les haut-parleurs arrières, que nous assistons quotidiennement à cette féerie; le vent est tombé, la mer se fait lacustre, la lune est déjà là....une douce nuit en perspective....

mercredi 5 octobre: plus que trois ans avant la retraite! bon, nous avons pris un an d'attente supplémentaire à cause des récentes modifications de lois, mais je ne fais pas partie de ceux qui s'en plaignent, même si ça me pénalise; pourtant, notre option "je libère un emploi prématurément" nous coûte très cher, car les caisses de retraite pénalisent lourdement les petits vilains comme nous qui se permettent d'arrêter de cracher au bassinet avant d'être devenus semi-liquides ou, pour le moins, sévèrement diminués....N'importe, il me semble plus que nécessaire de réformer, même si ça ne fait pas spécialement plaisir, et, c'est certain, on n'est pas les plus mal placés pour se faire avoiner.....pourtant, quand on refléchit quelques minutes aux sommes qui nous ont été prélevés tout au long de notre vie professionnelle, ça fout un peu le bourdon......je me demande si les caisses de retraite, ça ne sert pas, en priorité, à offrir du confort à ceux qui z'y travaillent dedans, et ensuite, on voit ce qu'on peut faire avec le reste.....je dis ça, moi j'y connais rien là-dedans.....mais quand même, on se demande......

L'ile "Lindeman", sise dans le nord-ouest immédiat de l'ile "Shaw", héberge un hotel de marque "club méd". L'interêt, en ce qui nous concerne, est assez limité, si ce n'est que ces dynamiques fabricants de vacances ont eu la bonne idée de débrousailler quelques kilomètres de sentiers facilitant les randonnées pédestres à l'intérieur du grand parc naturel protégé; ça, c'est super sympa! Revenant d'une marche de plus de deux heures, une petite surprise nous attends sur la plage où nous avons laissé le Newmatic, amarré à un gros caillou. Hélas, le résultat d'une regrettable confusion entre flot et jusant fait que le bout de polyethylène orange se dandine mollement à trente mètres du bord, dans environ un mètre vingt d'eau de mer à vingt deux degrés....obligé de me baquer en caleçon jusqu'au nombril sous le regard goguenard de la douzaine de clampins venus , comme nous, prendre refuge pour la nuit dans cette belle baie accueillante. Je fais mine que c'est exprès en arborant mon sourire décontrac façon "G.O.", mais à l'intérieur, ça mouline un peu....mais, bon, à tout juste trois ans de la retraite, je ne vais pa m'aciduler la rate pour une petite contrariété de rien du tout; allez, hop, j'en profite pour m'administrer un deuxième "gin'to"; trop fort n'a jamais manqué.....

jeudi 6 octop: l'attraction du jour loge dans les hauteurs. Suspendus aux plus hautes branches des arbres, on pense, en les apercevant, à de curieux fruits trop mûrs, ou alors à quelques parasites invasifs....puis, en s'approchant, ça ressemble un peu à ces parapluies pliants qui étaient très en vogue dans les années 80, et dont les graciles baleines se désarticulaient fréquemment; soudain, un "parapluie" se déploit; en fait, il s'agit d'une énorme chauve-souris d'environ un mètre d'envergure, avec un corps gros comme celui d'un corbeau. Les abords immédiats du "club med resort" en recèlent plusieurs centaines de spécimen, paillant à tue-tête comme pour se persuader qu'ils sont des oiseaux, alors que non; bien que ces mammifèrent volent très bien, leurs évolutions aériennes manquent de grâce. Par contre, vu qu'ils se nourissent principalement d'insectes, nous ne sommes plus du tout importunés par ces saloperies de grosses mouches qui nous piquent habituellement les mollets; c'est l'avantage.

samedi 8 octobre: nous arrivons, comme convenu, à 10 heures, au wharf du "club med", à bord du Newmatic orange; comme nous approchons, 5 silhouettes se détachent de l'ombre des arbres, sautillant avec entrain à notre rencontre. Jérôme et Laurence, un couple de français, installés à Adelaïde pour trois ans, sont nos invités ce matin; accompagnés de leurs trois enfants, la visite du Catafjord sera l'évènement du jour pour eux. Ils nous bombardent de questions, mais aussi d'éloges diverses au sujet de cette modeste barcasse de Catafjord......Thé, jus d'orange, gâteaux secs.....petits plaisirs simples partagés avec ces gens agréables. Les gamins me poussent à faire couiner l'accordéon......bon; ben je suis pas Yvette hors nerf, non plus....si ça se trouve, elle connait même pas la différence entre tribord et bobard.....alors?......les mômes sont contents; on se quitte avec la bise....encore une belle rencontre de voyage.

Dimanche 9 octobre; le vent a soufflé un peu fort hier soir et une bonne partie de la nuit. Malgré tout, avec notre bonne Rocna de 55Kg, nous fûmes bien plus sereins qu'avant quand la bise fût venue....laquelle s'évanouit au matin, nous contraignant à faire appel à la mécanique pour nous rendre à "Hamilton", paradis du tourisme chicos.....ici on se déplace en "golf car", ces petits véhicules éléctriques que l'on croise par centaines alors que l'ensemble des voies carossables de l'île ne me semble pas excéder une vingtaine de kilomètres.....quel contraste avec les cailloux plus ou moins désertiques que nous fréquentions ces derniers temps. Nous sommes mouillés à Driftwood bay, dans le sud, et l'agglomération se trouve au nord; pour nous y rendre, sans aucun plan, nous emprutons des chemins de randonnée qui traversent la montagne; ces quatre ou cinq kilomètres nous paraissent épuisant! les montées et descentes sont très abruptes, et aucune ombre ne vient atténuer la chaleur des rayons solaires. Je vous le dis comme je le pense, la petite mousse qui s'ensuit au bar de la "marina tavern" est particulièrement appréciée.

mercredi 12; nous voici mouillés à "Gulnare Inlet", un merveilleux abri situé au sud de l'ile principale "Whitsunday"; le bras de mer s'enfonce profondément à l'intérieur des terres; nous sommes entourés de collines très boisées au point que je demande encore s'il est possible de débarquer quelquepart dans cette baie. A marée basse, il reste 20 centimètres d'eau sous les ailerons. Après les épuisantes marches à pied sur Hamilton, ça ne nous rebute pas de rester tranquilles à bord toute l'après-midi, et Malou en profite pour gratter un peu les coques; j'en ferais autant demain pour les ailerons, les hélices, et les fonds de coques.