mardi 30 Décembre;

mon pote Josselin semble s'intéresser de près à notre projet de cata à moteurs électriques pour quand on sera vieux, et, du coup, je passe chaque jour une heure sur mon ordi en début de journée pour répondre à son mail de la veille....., et quelle longueur, et quel poids, et la tension des moteurs, et le dimensionnement du parc batteries, et si ma tante en avait, on l'appellerait comment?... En même temps, il me donne matière à rédiger un petit topo sur le sujet , que je mettrais en ligne dans quelques temps, quand ça sera mûr....en attendant, cet aprèm, on ressort les biclous de leur placard, direction l'usine de jus de fruits "Rotui". En quelques coups de pédale, nous y sommes; par contre, pour la visite, il faudra attendre quelques mois encore; disons jusqu'à ce que les nouveaux bâtiments soient terminés; pour cause d'ISO 9001, on ne visite plus.....c'est magique ces normes; du jour au lendemain, grâce à cette nouvelle disposition, on est certain de ne plus avoir de morve d'américain qui visite dans son jus de fruit, alors qu'avant......y avait le risque; c'est la différence! Nous nous rabattons sur la boutique de l'usine; un véritable paradis du souvenir "made in Moorea-vu à Tahiti"; moins une, on repartait rapidement.....mais c'était sans compter sur la gouaille de Solange qui nous lance: "venez par ici, je vous fait déguster mon punch"....pile poil le genre d'invitation qui interpelle...... La voilà partie à nous raconter que les jus de fruits, c'est bien gentil, mais ici, nous disposons également d'un alambic et on distille comme des Savoyards......et vas-y à goûter la liqueur d'ananas, de coco, de canne, et de toute cette sorte de choses. Bon, à raison d'un demi-centimètre-cube à chaque fois, notre sens de l'orientation ne s'en trouve nullement émoussé, cependant que Solange nous fait passer un agréable moment, à la fois convivial et instructif; rendez-vous est pris pour dans 2 jours. Nous lui rapporterons un peu de rhum du Père Labat et de mon planteur afin qu'elle fasse à son tour la goûteuse.....

Jeudi 2 Décembre;

grosses averses ce matin. Nous n'enfourchons les vélos qu'en fin de matinée pour livrer les échantillons de nectar à Solange; elle nous accueille à bras ouverts et est enthousiasmée par le punch planteur! mais elle a vrai boulot, aussi nous ne nous attardons pas. L'après-midi est consacrée à nettoyer les coques et gratter les hélices; alimenté en air frais par mon narguilé, ça se fait bien, mais ça reste un exercice fatiguant; l'antifouling de Panama commence à perdre un peu de son efficacité, et ça fait 2 mois que je ne me suis pas acquitté de cette corvée, alors, forcémment y a du monde qui s'est installé.....

Vendredi 3 Décembre;

nous alternons les tâches "nécessaires", et les balades, à pieds ou en vélo. Au chapitre "boulot impératif", je prépare le changement de guindeau; déjà plus d'un mois que nous avons reçu le nouveau; mais, avant de me lancer dans le permutage, je dois d'abord modifier la machine neuve, car les défauts de conception qui ont pourrie l'autre en à peine six mois sont toujours bien présents!!!! et il n'y a aucune chance que l'issue soit différente si je ne fais rien; alors je démonte, supprimant certaines pièces, et remontant différemment, à la lumière de l'expérience passée. Je ne sais pas si le résultat sera merveilleux, mais je suis certain que ça sera mieux que le montage d'usine; demain, on permute.

Samedi 4 décembre au soir;

ça y est! c'est fait! le nouveau guindeau est en place; la plaisanterie a duré presque toute la journée, m'amenant à méditer sur ceci: il y a des gens qui changent fréquemment de logement, ou de boulot; d'autres, c'est leur bagnole. Il y a aussi ceux qui changent de conjoint de temps en temps.....par contre, je ne connais personne qui affectionne de changer de guindeau; étonnant non? J'ai retourné dans ma tête un bon bout de la journée cette interrogation sournoise: "pourquoi qu'on change presque jamais de guindeau?"; j'ai fini par trouver l'explication;...... je vous sens rôtir d'impatience de la connaitre, aussi je n'irais pas par quatre cent-quatre chemins pour vous la livrer, non j'irais droit au but; bon, ok, j'y vais: on ne change pas facilement de guindeau parce que c'est EFFROYABLEMENT CHIANT A FAIRE! Voilà, et j'espère bien ne pas avoir à y revenir de sitôt.

Dimanche 5 Décembre;

l'excursion du jour a pour but "Painapo beach paradise".....mâtez un peu le programme; c'est à 22 kilomètres d'ici; autant dire une formalité. L'annexe est promptement affalée de ses bossoirs, et les biclous sont à roues d'oeuvre; il est juste 9 heures; tout est possible. En fait, notre premier objectif est le marché artisanal de Tematete, qui se tient théoriquement tous les premiers Dimanche du mois, en face de l'hotel Hibiscus; d'ailleurs, nous y voilà! eh ben, que tchi! question tourisme, l'endroit est plutôt sinistré, et, en fait de marché, il n'y en a pas la queue d'un! Qu'importe, l'île est magnifique, et la route côtière est un spectacle féerique en elle-même. Tout-à-coup, qu'est-ce qui se passe-t-il? rien, c'est juste que le Painapo est là, on est arrivés, et il est à peine 11 heures. Ronald, le tenancier et créateur de l'établissement a tôt fait de nous charmer, et nous prenons engagement pour le déjeuner. Bien nous en prend. Nous passons ici quelques moments magiques, limites irréels.....déjà avec les raies pastenagues, quasi-apprivoisées à force d'être nourries, qui viennent chercher des caresses en se frottant à nos jambes ( mais ça, c'est pas dans l'établissement lui-même, c'est à la plage qui est juste en bas.....évidemment)....autre attraction: Ronald fait son numéro: "approchez, approchez, que je vous présente le "uru"". Le "uru" (prononcez "ourou" en roulant le "r"), c'est le nom polynésien du fruit de l'arbre à pain, légume de base des polynésiens, genre comme la patate pour le breton, ou la mojette pour le vendéen. La convivialité du lieu nous donne à sympathiser avec nos voisins de table, un jeune couple pétillant: Julie et Coco. On dit qu'on se reverra; ils vivent à Tahiti, non loin du lieu où nous mouillons habituellement. Le retour et ses 22 kms contre le vent paraissent une formalité, grâce, en partie, à la bouteille de vin rosé de Provence qui a accompagnée notre carpaccio de thon. Une petite halte en chemin à l'"atelier du chat" pour nous exctasier devant les admirables créations de Bruno le sculpteur génial, et nous sommes déjà de retour à bord de Catafjord, pour une fin de journée toute traditionnelle: le petit thé, la petite bière, la petite plongée (pour Malou); un Dimanche de rêve, quoi!

Lundi 6 Décembre;

on déménage! pas bien loin; nous partons passer la semaine en baie de Cook, 2 milles plus à l'Est. Attention, comme son nom ne l'indique pas, ce n'est pas ici un haut-lieu de la gastronomie.....(enjoy the english "jeu de mot"). Notre maintenant quotidienne tournée en biclou nous amène cette fois au petit musée de Paopao; l'établissement est modeste, cependant, son conservateur saura nous captiver, tant par ses nombreuses explications qu'avec ses démonstrations......genre, "comment percer un trou avec 2 bouts de bois, une ficelle, un coquillage et une noix de coco?".....édifiant! Les polynésiens connaissent ça depuis pas loin de 2000ans semble-t-il. Ok, on pense que les îles de la société sont peuplées depuis environ 1500 ans, mais les types qui ont inventé la perceuse en bois avec piles en noix de coco, ils l'avaient déjà fait avant.....en tout cas, c'est ce que dit notre guide, Jules. Sinon, nous avons mouillé le Cataf dans un endroit super beau, eaux turquoises et tout, et tout, mais alors, vachement venteux! Je ne sais pas si c'est la saison de "pas d'alizé", mais ce vent d'Est de 15 à 20 noeuds, tous les jours pareils, j'aimerais qu'on m'espique comment ça s'appelle icite.....

Jeudi 9 Décembre;

Matinée "shopping", surtout pour Malou . Nous sommes au village de Maharepa, côte nord de Moorea, tout près de la baie de Cook. Après quelques dizaines de minutes de visite commune des boutiques de la place, nous adoptons des chemins divergents: à elle les boutiques de fringues, à moi la terrasse du bistrot. Ce n'est pas à proprement parler un troquet, car le bistrot tel que nous le connaissons en France n'existe pratiquement pas en Polynésie. L'endroit s'appelle "Caraméline", et s'apparente plutôt à un débit de bouffe que de boissons. Déjà, c'est écrit "patisserie" sur l'enseigne, et, de fait, une modeste vitrine réfrigérée abrite quelques victuailles patissières; les autres se chargent de tenir au frais les glaces, sandwichs et nombreuses boissons plus ou moins colorées si ce n'est américaines. L'établissement est tout en terrasse; quelques poteaux et claustras peints en blanc donnent un semblant de style colonial que tempèrent éfficacement les tables et chaises de jardin en plastique; c'est aéré, vivant; on n'y voit pas le temps passer. On pourrait même être tentés de s'y incruster pour casser la graine, mais avec le basique plat du jour/frites à 15 euros et la bière à 5, ça calme un peu......allez, hop! on retourne à bord.

Samedi 11 Décembre;

fin de cet épisode Moorea; nous reprenons la mer durant quelques heures pour retrouver Taina et les amis qui y séjournent. La semaine prochaine, nous embarquons 2 couples d'amis pour les emmener faire une petite croisière dans les îles sous le vent; les 2 ou 3 jours précédents seront consacrés à préparer leur venue en terminant les bricoles en cours et en faisant un peu de rangement dans la coque babord pour leur laisser de la place pour leur bazar. Au registre des petits travaux en cours, je vais terminer la petite table basse "spéciale apéro" faite avec des bambous qui est en train de devenir un vrai bijou.....Malou en fera sûrement une photo en situation quand ça sera tout-à-fait terminé.