mardi 19 Octobre; Les Bourgoin sont une bien jolie famille. Pierre, le papa, sauveur du doigt de Malou, (qui cicatrise à merveille, merci), semble apprécier mon punch-planteur dont j'ai exceptionnellement modifié la composition en remplaçant le sirop de sucre par un trait de sirop de menthe. Maman Véronique, médecin radiologue de son état, affirme se régaler également de mon breuvage bien qu'elle s'en autolimite la consommation sous le fallacieux prétesque qu'elle bosse demain.....la pôvre! Ils ont patiemment constitué à eux deux une petite collection de 3 rejetons que je qualifierais volontiers de "plus mignons que la moyenne", et je pèse mes mots. Félix, le petit dernier ( pour le moment.....les rechutes sont si inattendues...), disons un peu moins de 10 ans, a ramené de l'école une cochonnerie, et essaie d'extraire de son pif les trois litres de morve qui s'y sont collés....Maia, jolie fillette d'une douzaine d'années, enjouée et curieuse de tout, se prépare doucement à devenir un beau spécimen de chavireuse de coeur. Léo, le grand frère, finira les miettes de la bonne quiche préparée par Malou, car, arrivant de son club de karaté longtemps après le démarrage de nos agapes, l'essentiel des sujets a déjà été abordé, et il ne lui reste que quelques reliefs à grignoter....bah, si ça se trouve, il a même pas faim....Nos amis ont récemment vendu leur sloop en acier pour émigrer vers le monde de ceux qui naviguent sans marcher sur les cloisons.....Ils ont pour projet de faire l'acquisition d'un catamaran, et semblent particulièrement interessés par la gamme des superbes machines sorties des ateliers de Jean-François Fountaine. Délicat moment que celui où se combinent la tristesse de la séparation d'avec un canote aimé, et l'excitation mélée de stress liés au choix de la prochaine embarcation qui sera surtout le nid familial pour plusieurs années.....pas facile! Nous leur souhaitons plein de réussite.

Samedi 23 Octobre, 9 heures; "nous voulons du café.....nous voulons du café...."; le slogan monte de la cabine tribord; de la couchette plus précisemment; c'est Malou qui manifeste son impatience vis-à-vis du petit déjeuner que je m'apprète à mettre en oeuvre. En ma qualité de capitaine de ce navire, j'ai pourtant formellement interdit depuis longtemps les mouvements sociaux de toutes natures et sous quelque forme que ce soit.....mais, ma seule administrée n'en tient aucun compte; c'est à se demander si je n'aurais pas mieux fait de m'éclater une testicule le jour où j'ai pondu ce règlement jamais appliqué. Bref, entre le moment où je me lève, et celui où je commence effectivement à mettre le café en chauffe, j'apprécie de "découvrir" tranquillement notre proche environnement; les couleurs du ciel et celles de l'eau, la position du bateau, celle des voisins, l'ambiance générale du lieu, peut-être surprendre une tortue qui fait sa curieuse à dix mètres du bateau......que sais-je moi...? Cette non-activité contemplative de début de journée nécessite une poignée de minutes qui laissent à Malou le temps de sortir de sa torpeur et de rassembler ses esprits pour me signifier malicieusment sa requète dont le sens pas tellement caché pourrait se traduire par: "si tu voulais arrêter de glandouiller pour t'occuper enfin de préparer le ptit déj, ça m'arrangerait car j'ai les crocs...". Il est 9h15; ça n'est pas dans nos habitudes de nous lever si tard, mais, hier soir, c'était réception chez Brigitte et Jean-Marc....aussi, quand nous sommes rentrés, c'était déjà largement Samedi.

Le compte à rebours est bien entamé; Malou a commencé à garnir sa valoche depuis le début de la semaine. L'objet de toute cette agitation, c'est la préparation de notre prochain voyage en Guadeloupe; ranger les outils et les pots de résine, rédiger des instructions à l'usage de l'ami Laurent qui va garder un oeil sur le canote pendant notre absence; bref, préparer Catafjord, le bichonner pour qu'il soit bien sage pendant que nous nous ferons cajoler par nos Guadeloupéens chéris, le temps de notre parenthèse annuelle dans le voyage. Demain soir, nous monterons dans le grand oiseau de fer en compagnie d'Annie et Patrick ( Eliès), direction Los Angelès, première étape vers Pointe-à-Pître. Je vais pouvoir enfin me rééquiper en lunettes de vue. Les deux dernières paires que j'avais n'ont pas résisté à l'intensité du rayonnement UV tropical, et je me retrouve à porter des lunettes de soleil ( les seules à ma vue) les trois quarts du temps; du coup, les copains me raillent arguant que je fais la vedette depuis que j'ai tourné avec Kassov....alors que pas du tout; d'ailleurs, je trouve que, bizarrement, les groupies sont relativement peu empréssées.....cependant que je me serais senti capable de supporter plus.....s'il avait fallu....