Jeudi 10 Juin 14 heures; c'est toujours aussi beau la mer époussetée par l'alizé; je n'ai pas écrit "balayée" car pas assez fort pour ça; pour mériter "balayée", il faudrait bien vingt noeuds; alors que là, c'est même pas quinze....quelques petits moutons blancs, ciel d'azur, parsemé ça et là de cumulus chétifs.....on ne va pas très vite, mais on est bien. 450 milles devant nos étraves, est l'archipel des Tuamotus. Nous avons quitté Ua Pou à 6 heures ce matin, après avoir ingurgité l'incontournable petit déj' sans lequel ma douce équipière ne saurait considérer la journée comme commencée. La ligne de traine est à l'eau, le rythme des quarts est adopté depuis 8 heures, nous sommes en configuration "long cours" pour quelques jours. Les Marquises viennent de nous fasciner presque 2 mois durant; ces îles merveilleuses possèdent une échelle de temps différente; on s'attarderait facilement....

Samedi 12 Juin 8 heures; vous allez voir qu'il ne va pas me laisser terminer mon p'tit déj tranquille; obligé d'engloutir ma dernière bouchée comme un gros goéland et de monter à la timonerie le bol de café à la main; je l'ai eu à l'oeil dès 6 heures, avant d'aller dormir, lorsque Malou a pris son quart; je me demandais s'il m'accorderait de récupérer ce déficit de sommeil caractéristique des premières nuits en mer; Malou l'a surveillé aussi , et il m'a finalement laissé dormir 2 heures; mais maintenant, c'est terminé, il est sur nous; la paresseuse vitesse de 6 noeuds s'est rapidement muée en un bon 10 noeuds, et le grain noir qui barrait l'horizon à notre gauche pousse à présent vers nous ses moutons nerveux et sa peau rèche. Je décide de le saluer en abattant un largement sans réduire la toile; ainsi, Catafjord file bon train à 150° du vent sous gennaker, grand'voile et artimon hauts; mon but est de maintenir le canote dans le surcroit de vent, que le grain pousse devant lui, le plus longtemps possible, pour engranger des milles, car décidemment, cette traversée est placée sous le signe du petit temps; c'est pourquoi j'ai à coeur de mettre à profit les providentiels 25 noeuds offerts par cet inquiétant ciel noir pour tailler un peu de la route.

Dimanche 13 Juin; la nuit a été bien tranquille; le vent est si faible que nous naviguons au moteur depuis hier 13 heures; malgré le ciel chargé en début de nuit, pas de vent. Au petit jour, nous sommes encore à trente milles de Makemo, cependant, on n'en voit rien; c'est seulement vers 8h30 que quelques minces filets gris sur la ligne d'horizon nous en signalent la présence. Les atolls sont comme des non-îles: vus sur les cartes marines, on dirait des îles, mais, avec un grand trou au milieu; et ce trou est rempli d'eau et plein de pâtés de corail disséminés partout pour compliquer la vie du marin; comme s'il avait besoin de ça, le pauvre. En tout cas, ces bandes de cocotiers posées sur le rebord de la mer, là-bas, où commence un ciel totalement exempt de nuage, c'est magique! très "minimaliste" comme style: que du bleu. D'abord l'eau, ensuite, une bande pâlichonne avec les barres grises dedans, puis l'air; nous flottons dans une immensité bleue où nulle limite n'est perceptible entre les différentes matières....9h30: on approche. Les barres grises sont d'abord devenues vertes, pour se muer finalement en honnêtes cocotiers, posés sur un trait d'or: des plages de sable blanc; on se croirait arriver en vacances.....

Les pamplemousses des Marquises sont vraiment exceptionnels; déjà, ils sont suffisamment sucrés pour être dégustés tel quels, sans rien ajouter; genre, si vous mangez une barbapapa, vous z'ajoutez pas du sucre.....ben là, pareil! Et puis, l'autre truc balaise, c'est leur effet "qui s'coule": vous êtes en train de creuser dedans avec la petite cueiller en vous appliquant bien pour aller gratter tout au fond, raclant consciensieusement les bords pour qu'y reste rien, en puisant plein de fois dans chaque alvéole pour capter tout le jus, qu'est bien sucré lui aussi, forcémment. Avec le pamplemousse des Marquises, même le mangeur-gratteur-racleur le plus habile, quand il a fini un tour, il en reste encore pour un deuxième tour, c'est sûr! Quand aux maladroits, dénués de toute conscience professionnelle, qui en oublient un peu à chaque tour, alors eux, ils peuvent se retrouver à faire des cinq ou six tours comme qui rigole....faut être honnête: les pamplemousses des Marquises, c'est pas des pamplemousses comme tout le monde; nettement au dessus du panier.....

11h20: l'ancre descend dans 18 mètres d'eau transparente comme du cristal; nous sommes à l'intérieur de l'atoll de Makemo. Les 3 noeuds de courant qui dévalaient la passe contre nous lors de notre entrée ne nous nous ont pas causé de souci; ça avait un petit arrière goût de golfe du Morbihan tropical. Mouillage enchanteur: calme impressionnant, aucun bruit, pas de vague, on se croirait sur un lac; l'eau est si limpide qu'on peut voir un crabe cligner de l'oeil à plus de vingt mètres de fond. Première plongée: c'est l'aquarium! les poissons font des concours de couleurs avec les coraux; un requin "pointes noires" rôde....ils ne sont pas belliqueux, nous dit-on, faut juste pas s'en occuper; loin de moi l'idée de m'en occuper, mais j'aimerais que ce soit réciproque.....et s'il n'est pas informé lui, le requin, qu'il n'a pas à s'occuper de moi....Au fond, les bénitiers, bouches ouvertes vers le soleil, ressemblent à de petits serpents; encastrés à mi-coquille dans le corail, il est impossible de les en déloger à mains nues

Mardi 15 Juin; seuls dans le lagon; il est immense pourtant: 35 km de long et 18 de large. N'empêche, depuis hier soir, après que nos seuls voisins de mouillage, un couple d'américains, ait filé au large à la faveur de l'étale de pleine mer, notre regard n'est accroché par aucun bateau, aucune habitation, aucun témoignage de présence humaine. Certes, il y a un village sur un des gros motu au vent du lagon, mais il est à plus de trente kilomètres d'ici, caché derrière un renfoncement de la barrière, et donc totalement invisible depuis le bateau. Débarquement en dinghy pour une visite pédestre du littoral. Peu de sable; c'est surtout du corail mort et des coquilles brisés qui forment la fameuse "bande jaune" au pied des cocotiers; l'ensemble est posé sur un socle de roche volcanique noire pleine de trous comme une éponge minérale; le lagon est infesté de requins; ils viennent rôder autour de nos jambes quand nous débarquons dans trente centimètres d'eau; tout à l'heure, il y en avait cinq en même temps! C'est particulier de naviguer dans un lagon; il n'éxiste pas de carte marine; il faut simplement se contenter de repérer à vue les patates de corail, et de zig-zaguer entre elles.....ce n'est possible que lorsque le soleil est haut dans le ciel, soit entre 10 heures et 14 heures. Pour mouiller l'ancre, c'est à peine plus commode: si on ne repère pas une zone de sable suffisamment grande pour poser l'ancre, et qu'elle s'y enfouisse, elle peut aller se coincer sous un pâté de corail ou de pierre et la chaine de même. Par contre , que c'est beau! J'ai ramassé quelques noix de coco pour faire des punch-coco comme Tintin m'a appris, avec le rhum directement dans la noix.....pas minable comme truc! Sinon, je vous suggerais bien une nouvelle boisson à base de coco, mais je ne l'ai pas encore essayée....j'ai juste eu l'idée. Bon, ok, je me lance quand même; et si quelqu'un essaie avant moi, y m'envoie un mèle pour dire quoissé. Voilà: prendre une noix de coco, la percer, et y verser un bon Bordeaux millesimé; mélangez et boire à la paille.....alors? ça s'appelle un "coco-vin"......j'ai entendu dire que c'est bon, mais, pas encore goûté.....

Vendredi 18 Juin; vagabondage sur l'estran tout l'après-midi, à contempler de près la vie marine littorale; la roche volcanique a la consistance d'un béton pris avant que le gars ait eu le temps de faire son boulot.....vachement antidérapant comme truc; cette roche forme comme une éspèce de terrasse tout le long du rivage; en contrebas, dans cinquante centimètres d'eau, les bestioles qui habitent là nous offrent le singulier spectacle de leur vie quotidienne; quelques "pointes noires" sillonnent la place en tous sens; un requin nourrice fauve se tiend immobile, la tête à l'ombre d'un rocher, à l'affût; il fait bien ses deux mètres de long. Les perroquets broutent le corail en équipe, accompagnés de poissons-chirurgiens ( au cas où ils se blessent sans doute....). Un poulpe s'approche et vient faire son exhibition sous notre nez: il déploie ses tentacules en cône comme les baleines d'un parapluie et se pose sur le fond avec la grâce d'une danseuse étoile ( de mer bien sûr....), puis se fige quelques secondes, sa tête revêtant alors l'aspect d'un crâne humain; soudain, avisant un couple de crabes qui se prélasse au soleil, il bondit vers eux, allant jusqu'à sortir entièrement de l'eau, juché sur ses tentacules, pour tenter de s'en offrir un.....mais c'est loupé; et les "pointes noires" rôdent toujours; à leur approche, la danseuse remballe vite fait sa robe de tulle et endosse son habituel costume de céphalopode mou pour fuir se planquer sous un rocher à tentacules rabattues.

Ca fait 6 jours que nous sommes seuls ici à faire les robinsons trois étoiles sans nous ennuyer une minute; faut dire qu'hier, je me suis colletiné un vilain petit boulot "d'entretien", avec ponçage de fibres de verre à la disqueuse, sciure de bois et résine époxy; heureusement, Malou m'a bien aidé pour le nettoyage. Demain, nous avons prévu de bouger; mais nous ne pourrons pas quitter le mouillage avant 8h30, avec le soleil suffisamment haut pour voir les obstacles sous-marins.

Samedi 19 Juin; drôle de journé; la sortie du lagon de Makemo s'est passée sans difficulté; après la passe, un petit vent de nord-est aide les moteurs à emmener le canote aux 7 noeuds nécessaires pour éspérer être à Tahanéa à l'étale de basse mer; hélas, nous avons un noeud de courant dans le pif! sept noeuds, ça va pas suffire; il en faut huit.....mais bon, pas à se plaindre, tout va bien; à la mi-journée, pendant le déjeuner, le vent tombe complètement, cependant que nous entrons dans un énorme grain sombre qui ne nous concédera une éclaircie que pour arriver et franchir à l'aise la profonde et large passe Teavatapu; à l'intérieur, 3 bateaux au mouillage; le ciel est toujours chargé, et Malou s'offre un petit bain, derrière le passage nonchalant d'un gros "pointes noires"

Dimanche 20 Juin; faites des pères, mais pas d'impairs.....j'ai reçu un très mignon message de ma fille accompagné d'un poème, qui m'ont fait grand plaisir. Ce matin, le programme des réjouissances, c'est:"optimisation de l'installation éléctrique"; coté régulation de l'apport des panneaux solaires et de l'éolienne enfin réunis dans un noble objectif de recharge gratuite des batteries. Il y a de ça quelques mois, je m'étais déjà penché dangereusement sur le sujet, et j'avais alors opéré une petite modif qui ne n'avait guère distrait plus d'une heure, ce que j'avais sans doute considéré comme amplement suffisant tant le courage ne se trouvait pas en surabondance dans ma soute à courage. Or, depuis quelques jours, disons depuis que nous sommes aux Tuamotus, nos mouillages sont très exposés au vent, car la plupart des atolls n'ont pas de relief; on s'installe derrière une barrière rocheuse ou corallienne qui brise bien la houle, mais question vent, les cocotiers clairsemés nous laissent aussi exposés qu'en pleine mer....cependant, malgré ça, les batteries étaient rarement chargées à bloc, comme c'était le cas par exemple aux îles Avès, dans le nord du Vénézuela, où l'alizé est en général bien vigoureux.....pourquoi? me pensais-je en moi-même, tandis que Malou enfonçait le clou en disant un truc du genre "ça chargeait mieux que ça dans not' jeune temps....tu ne crois pas?". J'ai bein pensé lui répondre un truc à propos de décharge et de notre jeune temps, mais c'était pas le sujet, alors j'en ai plutôt profité pour affuter ma réfléxion et aboutir ainsi à une solution assez rusée que je me suis hâté de mettre en oeuvre au prix d'une demi-journée de labeur. On m'objectera qu'une demi-journée c'est peu en définitive; sans doute, mais rapporté au nombre de demi-journées que j'occupe annuellement à travailler, on n'est plus dans le négligeable. Bref, je l'ai faite bien comme il faut cette fois la modif; résultat enthousiasmant! En fait, non seulement ma première intervention n'avait rien arrangé, mais même elle avait sensiblement dégradé les performances de l'ensemble d'une manière assez insidieuse. Malou me l'avait suggéré plusieurs fois, mais j'écartais toujours ses remarques en lui administrant quelques arguments chiffrés à l'énumération si ennuyeuse qu'elle préférait sagement reprendre ses distances d'un "c'est toi qui voit....". Bon ok, j'avais fait une boulette. Cependant, j'ai découvert un coté bien plaisant là-dedans, et il m'est venue une éspèce de philosophie de la boulette que je me dois de vous livrer: quand on a fait une bourde, et que chacun a fini par s'y habituer, le jour où on la répare, au bout d'un assez long temps, alors, on a l'air d'un kador. Et même si le résultat obtenu n'est que le retour à la situation originale, par contraste, la satisfaction est grande; surtout si c'est la fête des pères.....on en profite même pour boire un coup spécial....pour bien positiver.

Vendredi 25 Juin; nous arrivons au motu Tetamanu; à bord du Newmatic, l'embase du yam à demi-remontée, nous nous frayons un passage à petite vitesse entre les patates de corail; deux types préparent leur filet pour la pêche; c'est Jean-Luc et Daniel, les propriétaires de la pension locale "Tetamanu sauvage"; accueil très polynésien: "amarrez votre dinghy au wharf et venez prendre un café avec un morceau de brioche". C'est bien calme et serein ici. Huit personnes vivent au village, tirant leurs ressources du coprah et du tourisme; l'activité touristique majeure est la plongée sous-marine: sous la conduite de moniteurs, les clients s'immergent dans la passe, à marée montante, se faisant transporter par le courant au milieu de véritables murs de requins et de mérous. Tout ça leur ouvre l'appétit, et ils peuvent aller déguster pour le déjeuner les poissons pêchés le matin même et préparés par Serge le cuistot. Le dépeçage de la chasse du matin donne lieu à un spectacle pas banal: les requins qui rôdent à proximité se ruent avec voracité sur les viscères et têtes de perroquets que leur jette le chasseur; il est prudent de ne pas se mêler à eux à ce moment-là, car ils peuvent aussi bien vous chiquer un mollet en faisant semblant de croire que c'est une tête de perroquet mort....le squale est volontiers facétieux à l'heure du casse-croûte.

Dimanche 27 Juin; trois ans jour pour jour que nous avons quitté St Nazaire; nous entrons dans notre quatrième année de voyage. Pour fêter ça, nous nous offrons une petite bouffe chez Jean-Luc et Daniel; bonne idée! nous déjeunons en excellente compagnie: Marie-Jo et Loïc, plongeurs émérites en villégiature à la pension, et sur le point de rentrer à Papeete où leurs boulots de biologistes marins les attend dès demain au centre océanographique. Nous convenons de les y retrouver dans quelques semaines. Jean-Luc et Daniel mettent à profit les quelques heures de détente avant l'arrivée des clients suivants pour venir visiter le Catafjord et prendre l'apéro avec nous. Ils nous offrent l'occasion d'en connaitre un peu plus sur la vie quotidienne des Paumotus.

Lundi 28 Juin; le vent a soufflé fort toute la nuit, et ça continue, l'anémo pointant souvent les 30 noeuds et plus. Notre chaine d'ancre s'est coincée sous un rocher, ce qui fait que nous sommes tranquilles pour le moment question mouillage. Pour tenir, ça tient! Par contre, il faudra compter sur un peu de chance pour l'en extraire avant de quitter les lieux. Pour le moment, nous attendons l'arrivée de nos amis Michael et Birgit qui ont subi ce mauvais temps en mer, à bord de "Mariposa"......moins cool déjà.

Samedi 3 Juillet: en fin de compte, Mariposa est allé s'installer quelques jours à Hirifa, 5 milles plus à l'Est, et nous restons à Tetamanu, pour y faire la connaissance de 2 vrais Pomotus: Tama et William, ainsi que de Sophie, la cliente de la pension. Nous l'emmenons plonger avec nous car elle redoute beaucoup de le faire seule à cause des requins. Ainsi, nous partons tous les trois pour l'incontournable expédition consistant à s'immerger dans la passe sud à marée montante, et se laisser transporter par le courant en admirant le tombant et ses merveilles: corail varié, poissons multicolores, en bancs ou solitaires, le tout dans une eau si limpide que la visibilité atteint bien une quarantaine de mètres; et surtout, frisson garanti, les requins en très grand nombre ici, nous tournent autour , comme si c'était rien d'avoir plein de requins comme ça tout autour de nous, y se rendent pas compte....Petit baptème de Catafjord pour la copine Sophie: elle est embarquée en qualité de passagère pour un périple d'une demi-heure, à la voile, autour d'un massif coralien que nous contournons pour aller mouiller de l'autre coté, dans le sud-ouest, devant de délicieuses plages de sable rose, eau turquoise, cocotiers, etc.....la routine....

Jeazn-Luc a confectionné un "tapia" à mon intention; c'est une sorte de sagaie faite d'une branche d'arbre, terminée par 3 ou 4 pointes métalliques en fer à béton; les Pomotus se servent de cet instrument pour aller chasser à pied, sur les platiers, dans cinquante centimètres d'eau; serais-je assez habile pour attraper des bestioles avec cette arme?

Lundi 5 Juillet: excursion "pieds dans l'eau" justement, sur un platier que nous atteignons en dinghy; je n'ai pas eu le temps d'affuter les pointes de mon "tapia", aussi je m'équipe de mon fusil sous-marin....je sais, un fusil sous-marin pour chasser dans 20 centimètres d'eau, c'est zarbi; j'en profite pour expérimenter le concept de chasse sous-marine sans se mouiller; et ça marche: m'approchant à pas de loup marin d'une zone où viennent brouter les perroquets, j'en transperce un avec ma flêche, et le ramène promptement à bord, afin de lui faire visiter notre four d'abord, puis nos assiettes, moins d'une heure plus tard; voilà un mode de chasse qui n'est pas pour me déplaire.

Mardi 6 Juillet: fin de l'épisode "Tetamanu"; nous partons vers le nord dès huit heures, traversant le lagon par l'intérieur en direction du village de Rotoava; navigation pépère sous génois....jusqu'à la rencontre malhencontreuse avec une bouée appartenant probablement à une éxploitation perlière, et dont le bout' se coince entre le safran et la coque; après trois quarts d'heure de manoeuvres en tous genres, nous nous désolidarisons enfin du bazar sans l'avoir bousillé; n'empêche, ça énèrve toujours un peu.....fort heureusement, le mouillage de Rotoava est calme, et nous retrouvons Micha et Birgit pour un petit apéro, ce qui constitue une conclusion de journée honorable ( que celui qui n'a jamais conclu honorablement une journée par un apéro avec des amis me jette le premier glaçon...).

Jeudi 8 Juillet: cette escale à Rotoava nous ramène en douceur vers la civilisation et sa trépidence urbaine que nous retrouverons dans quelques jours à Papeete. Ici, ambiance village, avec la queue à la poste, la wifi qui rame, et pas grand'chose dans les rares boutiques, mais des gens aimables et souriants. Comme Augustine, la patronne d'une modeste exploitation perlière menée en famille; en ce moment, elle n'a rien à faire qu'à attendre le retour de ses greffeuses asiatiques qui vont venir fin Juillet passer un mois chez elle à récolter les perles et à greffer de nouvelles huitres; elle occupe ces "pauses" en fabriquant des bijoux artisanalement, à base de coquillages rouges qui parasitent les coquilles d'huitre. Bien des personnes vivant ici n'aspirent à rien d'autre que ce qu'ils ont déjà: vivre tranquillement ici avec les leurs.....