vendredi 12 Mars: la famille Peytavin nous a rejoint sans encombre, et nous régale de sa présence depuis une semaine; Catafjord a retrouvé son équipage, augmenté du petit dernier, Kilian, qui nous donne de renouer avec les joies multiples et variées de l'élevage de nourisson.....moi, c'est pas spécialement ma tasse de thé, mais y'en a qui aiment; je respecte; c'est chacun son goût. La vie se passe ainsi en une alternance de plaisirs maintes fois renouvelés: nourrir le petit, changer le petit, faire dormir le petit.....non, je rigole.....y a aussi son frère....humour! Rien ne peut nous empêcher de passer d'excellents moments avec eux : ballades à terre dans les îles sur des chemins rocailleux à la rencontre des singes et des iguanes, ou sur des plages désertes à ramasser des graines très jolies qui serviront un jour à faire des colliers.....quand il y aura le temps. Rencontre sympathique, à Bahia Ballena, avec des jeunes gens qui vivent là en semi-autharcie, cultivant fruits et légumes, fabricant des objets artistico-artisanaux pour les vendre aux touristes américains, faisant l'école à leurs enfants.....de vrais soixantehuitards! Les virées en dinghy nous apportent aussi leurs lots de joies simples: un peu de pêche à la traine, bon ça ne donne rien, d'accord, mais ça nettoie les leurres.....( et les nôtres aussi , pas vrai ), quelques arrêts baignade/plongée, et puis quoi d'autre? ah oui, une petite mousse en rentrant pour donner un peu de bonheur à mon Tintin.....ben, avec tout ça, l'heure de l'apéro arrive plus vite qu'on ne penserait.

Enzo nous régale avec ses mots d'enfant; Malou enrhumée, est devenue aphone durant deux jours; commentaire du grignou: "Mamilou, elle a plus de son"; pour carnaval, il s'est déguisé en "pirate des Caribs" ("Carib", c'est la marque de bière locale....).

Catafjord n'a pas pu s'empêcher d'offrir à ses co-propriétaires une plaisanterie au goût un peu amer, genre trop de citron et pas assez de sirop de sucre, si vous voyez....Une nuit, le vent s'est renforcé, toujours ce satané "Papagayo", et le mouillage a dérapé pendant notre sommeil; nous nous sommes révéillés à 23h30, après avoir parcouru 0,7 mille (soit 1,3 kilomètre....) en remorquant ancre et chaine; l'ancre a accroché de nouveau à 100 mètres des cailloux, dans un bon clapot! par bonheur, le remontage du mouillage et le retour dans la baie abritée se sont déroulés au mieux, mais ça fait pas rigoler quand même.

Au menu, ce midi, un gros poisson-perroquet et un vivaneau pris ce matin en chassant au fusil-harpon dans les îles Tortugas, par Tintin et moi; avec Malou qui les a préparés et mitonnés accompagnés de pommes de terre et de champignons, voilà du beau travail d'équipe.

Quatorze heures; c'est la sieste...Kilian chouine, un paquebot à voile, le "wind star", est mouillé juste à coté de nous et déverse ses flots de touristes par paquets de vingt avec de gros semi-rigides; les day-charters sont là aussi, tirant nonchalament sur leurs ancres au son des tam-tams du restau de plage voisin, leurs passagers alanguis sous les parasols. Un petit pêcheur rentre chez lui dans sa barque tirée par une voile minuscule. Sa pagaie lui sert de gouvernail; il est magnifique ce vieux bonhomme au visage crevassé, au port digne, avec sa cannette de bière à la main; "pura vida" nous lance-t-il joyeusement en nous croisant; c'est la devise du Costa Rica.

Les Tortugas recèlent quelques aquariums naturels qui donnent aux plongeurs néophytes, comme aux plus aguerris, l'occasion d'évoluer au sein d'une myriade de poissons de toutes espèces et aux couleurs multimachins....c'est beau comme un reportage de Nicolas Hulot et le commandant Cousteau enfin réunis.

Samedi 13 mars: la dernière escale de notre croisière se passe en ce moment à l'île San Lucas, où elle avait commencée. Ultime promenade à travers le pénitencier en ruine, qui a cependant conservé intacts les graffitis artistico-trouduculturels réalisés par ses anciens pensionnaires; sur le chemin qui mène à la très belle playa coco, nous retrouvons les singes hurleurs, dont le cri puissant et rauque ressemble étonnement à l'aboiement d'un gros chien, voire au rugissement d'un félin, ce qui est surprenant en regard de leur petite taille; comme quoi, chez les singes aussi, les insignifiants peuvent parfois être dotés d'une grande gueule....

Dimanche 14 mars: demain matin, nos vacanciers prendront l'avion du retour très tôt, bien avant l'aube. Le dernier petit déj' commun est en cours de digestion, cependant que sa vaisselle sèche; le groupe éléctrogène ronronne pour alimenter le lave-linge et le dessalinisateur avant de rejoindre les eaux limoneuses de Puntarenas. L'appareillage est prévu vers 10 heures, de manière à arriver à pleine mer, au moment du déjeuner. Je me gourre dans la lecture de la table de marée, et nous arrivons trop tôt; pas assez d'eau pour remonter jusqu'au yacht club.....pour occuper le temps dans la joie et la bonne humeur, Malou nous confectionne de "pinacolladas", et, comme par enchantement, tout à coup, c'est l'heure d'y aller! on n'a pas vu passer les 2 heures qui manquaient.

Nous avons passé ensemble 9 jours de grand bonheur, en compagnie de nos petits chéris; ce petit intermède dans leur vie trépidante leur aura permis de se détendre un bon coup avant de se faire de nouveau happer par la multitude d'obligations infernales de leur vie laborieuse et citadine.