Dimanche 17 Janvier, troisième jour consécutif d'appro-bouffe! nous projetons de quitter Flamenco en milieu de semaine prochaine; devant nos étraves, le Costa Rica où tout est bien plus cher qu'ici, puis les îles du Pacifique où c'est encore pire; donc, gros appro avant de déraper. Chaque jour, nous nous rendons à la zone commerciale qui hébèrge le supermercado 99, à coté du terminal des bus longs-courriers, et remplissons des caddys avec des montagnes de boites, cannettes, bouteilles, tubes, rouleaux et paquets de toutes ces choses que nous avons pour habitude de consommer.....retour au dinghy en taxi, pour cinq dollars, puis rangement de tout ce bazar dans le canote......ça occupe les trois-quarts de la journée. Encore un voyage demain Lundi, et ça devrait être bon.

La galerie marchande est assez époustouflante ( mais peut-être suis-je facilement impressionable....):c'est une véritable ville, supermoderne, en tous points identique à ce que l'on peut trouver dans toutes les grandes capitales; c'est rutilant, lumineux, bruyant, climatisé, récuré: un véritable paradis de la consommation. Toutes les grandes enseignes internationales sont représentées en fringues, parfumerie, horlogerie, informatique, etc....plusieurs zones consacrées à la restauration permettent de se combler la dent creuse à n'importe quelle heure; imaginez une place grande comme un hall de gare ( mettons Nantes-sud par exemple...), meublée de centaines de "blocs" table-quatre-chaises-inox-soudées-ensemble, alignés comme à la pierrade; tout autour, des espaces d'une vingtaine de mètres-carrés avec un comptoir, des gens tout de blanc vétus qui s'agitent à l'intérieur, et, au dessus, une enseigne avec des photos de plats tarifés; les ricains ont laissé ici de solides empreintes, et il est plus aisé de trouver du poulet/ frites arrosé de coca, qu'un cassoulet avec un coup de rouge... Par contre, question ambiance, y a l'paquet! Une scène, plantée au milieu des tables, accueille un monsieur Lion, et un monsieur Crocodile qui dansent avec de pom-pom girls et un genre de "my gueule Jacques sonne" de supermercado, servis par le même matos que dans un concert de Johnny: y a des watts, beaucoup de watts, y a des lumières qui jettent des images aux murs et aux plafonds, y a des lasers, y a de la fumée, et....y a un public, qu'applaudit quand c'est qu'on lui demande d'applaudir.....une merveille!

L'ensemble des allées mesure plusieurs kilomètres. Chaque sortie sur l'extérieur porte un nom d'animal, figuré par son effigie en polyester, disons à l'échelle 1,5. Par exemple, le lion atteint deux mètres de haut, le kangourou, pas loin de trois mètres.....y aurait que l'éléphant qui s'approche de l'échelle 1; allez savoir pourquoi ( en plus, on s'en fout tellement). Sinon, je suis obligé de vous relater un détail qui me fait un peu délirer icite: dans les boutiques de maillots de bains et de fringues genre sportives, la plupart des mannequins féminins dans les vitrines sont pourvus de poitrines opulentes style "supervixens" si vous voyez le genre....mon intérêt pour la chose technique m'incite à penser que peut-être sont-ce là des appendices à géométries variables, dont le responsable du magasin peut régler le volume à volonté, en fonction de l'article à promouvoir, ou de la clientèle visée, développant à loisir le sujet à l'aide d'une pompe à vélo, ou l'amenuisant à la pompe à vide pour les modestes de la tétine.....je ne sais pas; mes connaissances dans ce domaine sont cruellement anémiques.

Dans le genre "pas commun", les bus de ville sont assez croquignolets aussi: look rétro avec le moteur dont le capot dépasse en avant du pare-brise, carroseries en tôles rivetées et entièrement décorées, avec superbes motifs à l'aérographe; pour clore la porte d'entrée, à l'avant droit, le chauffeur dispose d'un gros levier relié au battant par une tige métallique. Chaque conducteur décore son petit espace de travail comme bon lui semble, avec tantôt des bondieuseries, tantôt des photos de ses morveux, ou alors son équipe de foot préférée. A quelques kilomètres du centre commercial contemporain, c'est la ville....nettement moins moderne et moins clinos; certains quartiers sont totalement prohibés aux piétons pour cause d'insécurité, et les déplacements, même courts, se font en taxi pour un ou deux dollars (qui peuvent monter à cinq si on tombe sur un gredin qui veut se faire du gras sur le dos d'un "gringo"; avec les ricains, ça marche; avec les français, nettement moins bien). Cependant, déambuler en centre ville, parmi les innombrables magasins et échoppes de toutes tailles et de tous standings, ne pose pas de problème. On peut ainsi acquérir un home cinéma Sony dans un magasin moderne avec vigiles partout, et, vingt mètres plus loin, négocier, dans un stand de rue de deux mètres-carré, quelques baguettes d'encens, des gants de toilettes, une carte de téléphone prépayée, ou encore des CD piratés. En semaine, ça grouille de monde, alors que le Dimanche,.....ça grouille aussi, mais moins, et la moitié des magasins sont fermés.

Le départ pour notre première croisière Pacifique est prévu pour demain, direction les îles Perlas, 40 milles dans le sud. Nous y échouerons le canote, à la faveur des marées, pour caréner ses coques, avant de poursuivre vers le Costa Rica, où nous recevrons de la famille....s'agissant de solides leveurs de coude, vous aurez compris pourquoi ce n'était pas le moment de plaisanter avec les réserves de bière-rhum-pinard.....