Aujourd'hui Dimanche 18 Octobre, c'est "jour des commissions". Les supermarchés sont ouverts, il faut en profiter. En dépit du clapot qui agite le mouillage, les vélos sont chargés dans le dinghy, avec leurs sacoches et une paire de bacs en plastiques qui vont pas trop mal sur les portes-bagages. A peine 3 ou 4 kilomètres à parcourir avec le vent dans le dos; une promenade sans thé. En quelques coups de pédale ( c'est pas les coups que j'apprécie le plus, mais bon.....), nous voilà arrivés devant le sanctuaire de la boustifaille. La clim nous glace avant même d'avoir franchie la porte, genre "j'suis revenu à Nantes ou quoi?". Deux heures de remplissage méthodique du caddy, rayon après rayon, à se frayer un passage au sein de cette populace cosmopolite: la jolie "black" coquette, lunettes de soleil dans le magasin, exhibant, hautaine, ses 2 sphères lisses savamment arrimées dans un soutieng à peine trop juste, la dame ovoïde diamètre un mètre pile, l'amerloc de 2m20 de haut et 1m50 de large qu'on peut pas passer à deux de front dans l'allée, la mamie short rose/baskets roses qu'à trop de peau, ça lui fait parchemin sur les jambes, le jeune célibataire fraichement émancipé et faussement décontrac qui promène son caddy format familial avec juste un paquet de gateaux secs dedans, etc, etc, bref, arrive le moment de la délivrance: caisse en vue! petite caissière asiatique seyante et assise mais sans initiative; et, hélas, y a un problème: y faut montrer son passeport pour pouvoir régler par carte bancaire; ben , le passeport, il est resté au canote! Malou négocie, avec la chef, ....et obtient finalement gain de cause: on peut payer avec la carte volée....(oh, calmos, je rigole; on peut se détendre après les commissions, non?). L'embarquement de toutes ces provisions de bouche, censées nous maintenir en vie pendant les 2 semaines à venir, disons le temps d'arriver à Cartagène, est une affaire très technique; et je ne crains pas d'affirmer que l'assujetissement des bacs plastiques sur les portes-bagages des biclous, c'est pas à la portée du premier pépère-commissions venu; loin sans faute! Le retour vent debout dans les rues désertes car il est 13h30, se passe sans incident, de même que le transfert en dinghy, effectué en rasant la côte, à la fois pour éviter le rude clapot, et pour admirer les innombrables iguanes en villégiature sur les rochers de la digue la digue, lesquels font jamais rien d'autre toute la journée qu'à regarder passer les touristes, c'est le monde à l'envers, et pourtant, on est dans l'hémisphère nord.....

Petite balade sentimentale et digestive après le repas ( enfin, pas tout de suite après le repas....mais je ne saurais m'étendre sur cette fameuse sieste du Dimanche dont au sujet de laquelle on fait pas forcemment rien qu'à dormir, mais ce n'est ni le lieu ni l'endroit pour s'apesantir.....les amateurs me comprennent, surtout que, des fois, c'est pas que le Dimanche, c'est vous dire...); nous jetons notre dévolu sur la plage en face: c'est pas loin, et y a un troquet à musique pour siroter sa bière tranquillement en contemplant Catafjord posé sur son plateau d'argent du soleil déclinant. C'est pas un coin à touristes ici. Les autochtones viennent en famille faire trempette dans l'eau salée, jouer à la baballe; les jolies femmes exhibent le matériel, on passe le temps quoi. Beaucoup de ces gens ne savent pas nager, et, prudents, s'assoient dans cinquante centimètres d'eau et restent là à révasser ou bavarder (en attendant la dissolution peut-être.....). Soudain, la vie de quelques malchanceux bascule: des cris, des gesticulations, un attroupement: quelqu'un pêche et dépose sur le sable un petit corps sans vie; un gamin de l'âge d'Enzo. Les tentatives pour le ranimer restent vaines, et, les sauveteurs, arrivant un quart d'heure plus tard, emportent sans précipitation le petit cadavre. La musique n'a pas baissée de niveau, le barbecue est en chauffe pour les saucisses du soir, et les vivants reprennent le cours de leurs trépidantes activités dominicales ..... Dangereux l'eau.....le gamin a probablement trébuché dans la mer où il s'ébattait sans surveillance, et s'est tranquillement noyé, sans bruit, avec des dizaines de personnes autour de lui. Un serveur émotif ne parvient pas à cacher ses larmes et se fait rappeller à l'ordre; c'est Dimanche, et donc, pas le moment de perdre du chiffre. De retour à bord, à 200 mètres de là, les éclats de voie et les rires nous parviennent.....la vie continue

à bord, après un diner frugal, nous regarderons, sur le grand écran, le spectacle de Gad El Maleh enregistré à Lyon en Février 2005: une merveille!

Avant de quitter Aruba, nous tenons à faire une petite visite de l'île en vélo, au delà de la cité d'Orangestad; direction la côte ouest; sitôt dépassée la zone commerciale , c'est une immense plage genre sable-blanc-eaux-turquoises; comme nous sommes sous le vent, la mer est calme; ça semble idyllique.....mais rapidement commence la partie aménagée touristes; aïe,aïe, aïe, l'usine! c'est un défilé d'établissements hôteliers, allant de la modeste résidence à chambre/kitchenette, aux plus imposants palaces; et c'est comme ça pendant des kilomètres, sur les 3/4 de la côte ouest; le schéma est le même partout: une plage d'environ cinquante mètres de large, envahie de transats, ombragés par des parasols en feuilles de palmier, des tas de boutiques à sodas et officines de réservation pour toutes sortes d'activités hautement aventureuses genre balade en promène-couillon, ou location de pédalo; puis un genre de chemin piétonniais permettant de passer de la zone d'activité de tel hotel à la zone d'influence de son voisin, puis les basses-cours des établissements en question comprenant, chemins arborés, piscine, quelquefois tennis ou quelques boutiques à bibelots ousqu'on peut trouver, pour offrir, des globes transparents avec dedans, l'hotel, et quand on le chavire, il y a de la neige.....puis, encore plus à l'intérieur, une espèce de simili-route côtière de laquelle, évidemment, on ne voit pas la mer, mais qui est bordée, coté terre par une suite quasi inimterrompute d'échoppes qui tentent de vendre aux chalands, qui de la bouffe, qui des fringues, qui des tasses avec écrit "Aruba" dessus, qui des esscursions aventureuses en quad ou en jeep ( avé la clim of course ), si ce n'est une visite de la ferme des papillons, que les papillons, y sont super beaux, mais que comme on a vu les mêmes gratos, dans la forêt, en Guyane, on va pas aller gaspiller 2 fois quinze euros pour passer une pauv demi-heure dans leur amazonie miniature.....bref, si un pote un peu bourge me demandait conseil sur où passer ses prochaines vacances exotiques avec son troupeau de merdeux, j'y répondrais sans hésiter: vas à Aruba, y z'ont tout; l'authentique, l'aventure, et des glaces à tous les parfums!