jeudi 8 Octobre: en route ouest-nord-ouest, la ville de Willemstadt nous offre le spectacle charmant de ses batisses colorées et proprettes aux toits rouges. Seule construction verticale, un hotel de luxe déparre un peu derrière les murs en pierre du vieux fort; tiens! le pont flottant est ouvert; c'est le petit ferry qui assure le transbordement des piétons; en arrière plan, le majestueux pont métallique bleu et jaune relie les deux berges du vaste lagon principalement consacré aux raffineries de pétrole; le coeur de la ville est constitué de 2 parties, à cheval sur la passe d'entrée: "Punta" à l'Est , et "Otrobanda" à l'ouest. A noter qu'ils ne se sont pas trop martyrisé les neurones pour trouver ce nom: "otrobanda" signifie "l'autre coté"....nous sommes maintenant par le travers de la centrale éléctrique, avec ses batiments gris sales et ses grandes cheminées assorties; c'est moche, très moche! un faible vent d'une dizaine de noeuds aide le moteur babord à déhaler le canote vers notre prochaine escale, l'anse de Santa Cruz au nord-ouest de l'île. Pour le moment, tout baigne, et nous nous en réjouissant car la journée avait commencé un peu en biais; après une nuit d'orages, sommeil léger donc, le petit déj. s'est trouvé accompagné par un énorme grain avec du vent pas dans la direction qui nous arrange, ce qui risquait de compliquer singulièrement la manoeuvre de départ; pas cool pour la reprise après 2 mois de vie de terrien ( toujours moins pire que témoinsquerien.....). Et puis, non; le temps d'avaler tartines et café, et tout était rentré dans l'ordre pour nous permettre de quitter Spanish water dans le calme et la bonne humeur, salués à la VHF par les copains.

14 heures : arrivée dans Santa Cruz bay; c'est juste une petite crique, enchassée entre 2 basses falaises déchiquetées, avec, au fond, une plage aménagée, et, à droite, un bistroquet/location de kayaks/restau de poisson. Charmant! nous apprécions ce retour au voyage après la longue escale de Spanish water; ici, l'horizon occupe un bon tiers de notre paysage, et ça, ça nous plait bien!

Dimanche 14 octobre: navigation bien peinarde pour parcourir les 40 milles qui nous séparent d'Aruba. Nous établissons pour la première fois le gennaker acheté d'occase chez "sauve-qui-peut", équipé d'un emmagasineur, précedemment mis à mal par Jean-Luc Van Den Heede, et rafistolé par je ne sais quel dégourdi, mais ça se voit qu'il a dégusté le bazar.....Y va être vachement fier VDH quand y saura qui qu'y a acheté son bourrier. Le gennak est bien petit par rapport au Catafjord, mais ça fait bien notre affaire au vent arrière, en ciseau avec le génois; ça propulse bien le canote, et c'est fastoche à gérer. Reste qu'avec des tangons, ce serait encore bien mieux......à suivre donc. J'ai idée de faire un de ces jours des tangons à 2 balles avec des gros bambous.....mais je vois bien que ma douce et tendre ne prends pas ce projet autant au sérieux que ça mériterait; sûrement qu'elle préfèrerait 2 tuyaux de carbone.....mais ça, c'est un peu "hors budget"; pourtant.....Ca marche si bien, que nous arrivons à Aruba dès le début de l'après-midi, seuls au mouillage. Peu de temps après, un sloop franco-breton équipé "pépère/mémère" peu souriants, nous y rejoint. Lundi matin est consacré à rejoindre Orangestad, la capitale de l'île, pour y accomplir les incontournables formalités d'arrivée. Nous devons accoster un quai de commerce, du coté du terminal à containers, juste derrière les darses à paquebots. Sans aucune aide, avec le vent qui éloigne du quai, et une énorme bitte d'amarrage tous les 30 mètres seulement, pas commode! bon, ça y est; nous y sommes enfin; le préposé arrive avec son gros cacate tuyota estampillé "port authority"; y dit en english: "vous z'avez pas capté ça qu'est-ce-que je vous ai dit; c'est pas là; dégagez tout de suite!", et il commence à nous larguer les amarres, à peine les moteurs démarrés......Pffffeu! même pas énervés! on se casse, et on recommence un peu plus loin, même que c'est bien plus facile car le quai est plus bas, et, surtout, le vent est de face. De toutes façons, s'il n'y avait jamais aucune contrariété, ben ça serait beaucoup trop la belle vie.....déjà que là.........

Orangestad, c'est la ville qui brille. Devant le quai des paquebots, ce sont des rues entières de magasins rutilants, brillants de 999 éclats, avec des façades couleurs de gâteaux anglais, c'est vous dire si c'est beau! tout le monde du luxe est présent ici: bijoux, montres ( je trouve amusant et dérisoire que les montres soient ainsi érigées en objets de luxe, alors que j'ai idée que le luxe suprême, c'est de s'en foutre de l'heure....), fringues, valoches, restaus, et......casinos. Ca nous distrait bien tout ça, de temps en temps ( faudrait pas que ça soit tout le temps non plus....)

Je vous ai raconté le coté face de Orangestad; l'étincelant là; ça, c'est les 3 premières rues; ensuite, coté pile, c'est nettement plus "caraïbe" si vous voyez le genre; disons moins "dutch fashion" quoi.....bref, c'est merdique, ni plus ni moins que dans la plupart des îles, mais ça fait zarbi que ça soye à moins de 100m de "grand'luxe-land"; sinon, concernant ma mémoire, ça s'arrange pas; j'ai l'impression que j'oublie ce que j'ai dit......avant même d'avoir terminé la phrase! ça se peut ça?

Le gas-oil n'étant pas trop cher, et les réservoirs presque à sec, nous nous rendons au ponton à carburant de la marina pour faire le plein; en à peine plus d'une heure, c'est fait; nous pouvons aller chercher les biclous pour une ballade-découverte; juste un truc un peu lassant dans ce mouillage, par ailleurs très convenable: la proximité de l'aérodrôme, qui reçoit de gros avions à rédaction pas discrets du tout; un vacarme impressionant même! tant pis pour eux, on met la sono plus fort, pis c'est tout.