vendredi 31 juillet à Bonaire: journée trop zarbi et en même temps très pidante; après le ptit déj: sortir les vélos, gonfler leurs pneus, les charger dans le dinghy. Un petit café au bistrot qui nous héberge l'annexe pour la journée, puis, à coups de pédales énergiques et décidés, nous nous dirigeons vers les marais salands, objet de notre début d'excursion. Après 4 ou 5 km, une pancarte nous indique à gauche: "sanctuaire des ânes" à 2,4 km; nous ne nourissons pas une passion particulière pour ces quadrupèdes, mais 2,4 km, c'est pas beaucoup, et la curiosité l'emporte: on y va; c'est pas des kilomètres de piste cyclable dont je vous parle, loin s'en faut! un chemin rocailleux avec, à gauche, la piste d'atterissage de l'aérodrôme, et, à droite, un paysage lunaire composé de cactus de 5mètres de haut, de buissons d'épineux, et d'arbres pétrifiés par les salines adjacentes, et c'est pour ça que j'ai écrit "lunaire", sinon, les cactus, ça n'a rien de lunaire, je sais merci. Tout ça avec 20 noeuds d'alizé dans le pif et un soleil de sahara: les iguanes rencontrés en chemin ont l'air de nous prendre pour des crétins de touristes "de base".......Le "sanctuaire des ânes" héberge plus de 300 bestioles; c'est très touchant les ânes; ce sont des animaux gentils; la demoiselle qui fait le baratin avant qu'on paye pour rentrer dit qu'ils sont intelligents, mais ça, on n'a pas pu vérifier. Toujours est-il que voilà le biclou à Malou crevé de l'avant, une épine de cactus fichée dans le pneu; il est mou comme comme le cortex d'un contrôleur du fisc....nous sommes bon pour nous colletiner à pieds les 7 bornes qui nous séparent de Kraledijk.....mais, soudain, notre bonne étoile reprend du poil de la bête en nous envoyant "Diderick", un pote belge rencontré 1/4 d'heure plus tôt, et qui, grand adepte de la rando à bécane est en possession d'un nécessaire de réparation dernier cri; en quelques minutes, il nous transforme le pneu mou en un pneu dur comme je vous dis pas quoi, les ânes c'est un mauvais exemple......Et nous voilà repartis, toujours sous le cagnard. Nos vélos sont des vélos anglais. Je sais pas si les Anglais sont constitués différemment de nous au niveau du fion ou quoi, mais, très rapidement, la selle se transforme en un engin de torture capable de nous faire avouer que nous sommes vercingétorix, ou mitterand, ou un croisement des deux......une horreur! bref, les kilomètres s'égrènent dans la douleur, jusqu'à ce qu'enfin, vers 14h, un modeste établissement qui revêt pour nous des allures de palace se dresse au bord de la route et nous rassasie d'un repas plus que bienvenu. L'après-midi s'avançant, il est grand temps d'attaquer le retour; par bonheur, il se fait "au portant", ce qui est autrement plus confortable, malgré la chaleur; les paysages sont enchanteurs, particulièrement cet endroit magique où la lagune est parsemée d'arbres pétrifiés par le sel, au milieu desquels des flamands roses apportent leur touche de couleur presque incongrue. De retour au cata, après un petit bain de mer dans l'eau un peu fraiche à mon goût,( 27°c.....moi j'aime bien à partir de 28....), Patricia, une amie hollandaise arrive pour l'apéro; elle voyage avec son mari sur un vieux bateau de pêche en bois de 26 mètres. Nous les avons connu au Surinam, et pas revu depuis. Lui est alité suite à l'ingestion de quelque produit frelaté, et donc, nous passons la soirée avec Patricia seule

Dimanche 2 août: départ à 8 heures, à la voile, direction Curaçao. L'alizé s'avère bien vigoureux, et, vers 13 heures, nous franchissons l'étroite passe d'entrée qui mène à "Spanih water", immense abri naturel, véritable dédale d'îles et de cayes qui forment autant de havres accueillants; mais, mauvaise surprise, il y a des bateaux partout, et les rares zones inoccupées sont interdites au mouillage. Devant notre embarras, Ed, un solide canadien se pointe avec son annexe et nous propose son aide; ainsi, nous finissons par faire tomber l'ancre dans un endroit très convenable où il n'y a personne, mais qui est aussi tout à fait interdit......on verra demain; ça ne nous empêche pas de bien dormir

lundi 3 août: découverte de Willemstad, la capitale de Curaçao. nous nous y rendons en minibus, ce qui a l'avantage d'être pas cher, lent ( donc on visite ), et de cotoyer les autochtones. L'accueil, dans les différentes administrations, est plutôt sympathique, et, vers 15h, ( en étant tout de même partis à 9h30 le matin...),les formalités sont accomplies. Willemstad nous plait beaucoup; ça fait penser à la hollande, mais avec des hollandais noirs qui parlent espagnol et du soleil tout le temps....les maisons sont colorées et coquettes, les rues propres, les gens courtois voire enjoués; la ville est séparée en deux par le canal d'accès à un immense lagon regroupant les activités de port de commerce et de raffinerie; on passe d'une berge à l'autre en franchissant un imposant pont piétonnier flottant en bois ( sauf les flotteurs qui sont en acier); très original, et très plaisant. Lorqu'un bateau a besoin d'entrer dans le lagon, le pont s'ouvre, et se range comme un bateau, le long de la berge ouest; pendant ce temps, le trafic des piétons est assuré par des navettes gratuites qui traversent le passage en quelques minutes.

Mardi 4 août: la journée débute dès 7h, car nous nous sommes fixés pour mission de déplacer le Catafjord pour l'ancrer dans une petite baie mieux appropriée, et surtout, autorisée, en vue de notre escapade en France au mois de septembre. Dès 9h, le bateau est convenablement mouillé avec 50 m de chaine et une aussière à l'arrière, amarrée à un gros palétuvier. Le reste de la journée est occupé en tentatives de connexion à internet par wifi, faire du pain, une baignade, ainsi que se rendre au bar du club nautique au moment de l'"happy hour" pour y rencontrer des gens. Nous nous installons tous les deux en terrasse devant un verre de blanc hollandais, attendant avec une certaine impatience qu'une des nombreuses personnes présentes manifeste l'envie de faire connaissance, mais rien ne vient.....au bout d'une heure et un autre verre de vin, nous commençons à dresser les prémices d'un constat d'échec, quand le vent tourne; notre voisin de mouillage, un vieil italien qui a merdé sous nos yeux pendant une heure pour ajuster son mouillage vient discuter avec nous, tandis que nous sommes simultanément héllés par 4 personnes très joviales, et apparemment ravies de nous trouver là; ce sont des amis brésiliens rencontrés à Salvador de Bahia, qui, nous ayant vu passer en dinghy se sont hâtés de venir nous rejoindre ici; en plus,Tom, un hollandais vivant à Curaçao sur son Wharram depuis plusieurs années les connait aussi et se joint à nous! voilà ainsi constituée la plus conviviale tablée de tout le bar. Personne ne parle la même langue que les autres, aussi nous discutons avec verve dans un improbable mélange de portuguais, anglais, espagnol avec de rares et épars mots de français; un grand moment! que nous renouvelerons plusieurs fois dans les jours qui suivent, à bord de nos bateaux. A propos d'"happy hour", le véritable lieu de rencontre convivial, c'est plutôt l'arrêt de bus près du ponton des pêcheurs où chaque matin, plusieurs d'entre nous patientent en attendant le véhicule qui nous mènera gratuitement au supermarché ou chez le shipchandler; vu que les horaires sont très élastiques, ça laisse du temps pour faire connaissance.