mardi 30 juin: réveil à 4h35! le temps de prendre un bon p'tit déj et le jour se lève pour éclairer notre manoeuvre de départ à 5h45. Nous avons une bonne distance à parcourir; c'est la raison de cet appareillage matinal. Tout dessus et cap au 245, direction les îles Testigos. La journée est émaillée de petits évènements qui nous occupent presque sans discontinuer: 3 poissons sont ramenés à bord, un barracuda et 2 bonites ( quand mon Tintin va savoir ça, il sera vert....). Nous croisons la route d'un navire câblier en opération, qui nous demande de nous dérouter vers le sud pour l'éviter largement; ce que je fais en loffant de 35°; du coup, à 120° du vent et toute la toile dehors, Catafjord file 11nds! Vers midi, Grenade est gommée de l'horizon depuis déjà un moment, et les îles en face ne sont pas encore dessinées quand une troupe d'une vingtaine de dauphins nous offre son ballet nautique improvisé, jouant à se bousculer entre eux, frôlant les étraves du cata à quelques centimètres et sautant hors de l'eau d'une étrange manière: certains se retournent sur eux-mêmes et retombent sur le dos, exposant au soleil leur inhabituel ventre rose! pour bronzer peut-être.....Dans l'après-midi, les îles apparaissent, grossissent, sont là, devant nous. Nous mouillons à 17h30, devant une petite plage de sable blanc; dans cette petite crique, un seul autre bateau, le catamaran jaune de Claude et Najoua; un peu plus loin, quelques embarcations de pêcheurs apportent une touche d'humanité dans ce paysage sauvage; pas de ville, pas de village, pas d'internet, pas de bistrot même......juste la nature; une crique plus loin, un hameau de quatre ou cinq maisons et cabanes abrite une famille de pêcheurs

mercredi: une brève visite à nos voisins du cata "sucre d'orge" ( Claude et Najoua ) pour faire un peu connaissance, puis nous débarquons en dinghy sur Testigo pequeno; comme son nom l'indique, ce n'est pas une grande île: 750 mètres de long, habitée par moins une vingtaine de personnes, et tout simplement splendide; un gros iguane ( environ 1 mètre de long) traverse le sentier devant nous, et, les premiers habitants du hameau nous accueillent avec leurs singeries: c'est un couple de perroquets verts. Julio, le pêcheur grisonnant nous raconte la douceur de la vie sur son île......soudain, hélé par quelques collègues à bord de leur bateau au mouillage, il se rue dans une barque, immédiatement suivi par 3 acolytes, et ils filent direct à 300 mètres de là, car le poisson est au rendez-vous, et il n'attendra pas. Quelquechose dans le manège des oiseaux de mer leur a indiqué l'endroit et le moment pour intervenir....... on est loin des sonars sophistiqués qui équipent nos pêcheurs modernes, mais l'éfficacité doit certainement y être car ces gars là ne sont manifestement pas miséreux. Pour leurs loisirs, entre autres, un Dimanche par mois, il y a les combats de coq....Julio encourage Malou à photographier les emplumées vedettes locales, chacune managée avec soin par les jeunes pêcheurs de la communauté. Il y a aussi ces petites barques en bois au franc-bord ridicule qui propulsées par un hors-bord de 40cv, servent à se mesurer entre pêcheurs des différentes communautées, lors de courses âprement disputées et donnant lieu à des paris d'argent. La nuit dernière, une onde tropicale a apporté des orages très violents qui nous ont tenus évéillés une partie de la nuit, cependant que Julio et les autres se réjouissaient de cette eau providentielle survenant après 5 mois de sécheresse.

vendredi: Touchés par la grâce de dieu:

Tranquillement installés dans le carré du Catafjord, nous apéritivons consciencieusement en compagnie de Stéphanie et Josselin, que nous avons retrouvé hier, alors que nous les avions connus aux Canaries il y a un an et demi; leur terreur de 4 ans, Oscar, a été maitrisée grâce à la méthode moderne du dessin animé sur l'ordinateur, cependant que la petite dernière de 3 mois, "Dune", tète sa mère car c'est l'apéro pour elle aussi. Tout à coup, notre quiétude est interrompue par des cris dehors: c'est le bateau de pêche voisin, mouillé un peu trop près de nous qui s'est rapproché à cause d'une saute de vent et qui va nous toucher.......et qui nous touche, malgré les bras énérgiques qui tentaient de jouer les parre-battages humains; le choc n'est pas violent et marque à peine la peinture du bordé; du coup, les pêcheurs démarrent leur moteur et vont mouiller un peu plus loin; leur bateau s'appelle "Gracia de Dios".....

samedi: nous sommes des hors-la-loi; bon, ici, c'est le Venezuela, pays de pirates, ça fait "couleur locale" d'être illégal.....nous avons obtenu des autorités l'autorisation de séjourner 2 jours aux Testigos; ça se finissait hier midi.... nous partirons demain matin; mais, en attendant, une visite plus approndie de Testigo pequeno s'impose; nous partons en jeans et basquettes pour faire le tour de l'île à pieds; ça démarre tranquillement par un sentier de chèvres sur un sol racailleux, puis, ça passe à flanc de falaise au milieu des oiseaux de mer, certains juvéniles encore incapables de voler se laissent approcher à quelques centimètres, offrant leur duvet blanc à l'objectif de Malou, puis ça devient carrément une dense forêt de cactus et autres épineux qui ralentissent notre progression au point de nous faire rebrousser chemin à peine 150 mètres avant d'avoir fait le tour complet. Comme pour nous consoler ( mais la ballade était tout de même excellente), Stéphanie et Josselin nous rejoignent pour l'apéro avec 2 belles langoustes qu'il a été chasser lui-même dans les rochers voisins de notre mouillage.....demain, départ de bonne heure pour Margarita.