Catafjord est le seul bateau mouillé dans St John's harbour; pour autant, nous ne sommes pas seul! c'est ici le terrain de chasse privilégié des pélicans locaux. Je les trouve étonnants moi ces bestiaux! ils ont un air pataud, voire lourdauds, et pourtant....les voire planer avec grâce à ras de l'eau où se maintenir sans effort dans les ascendances au vent des reliefs, c'est un vrai régal; et quels chasseurs! ils font un passage à basse altitude au ras du clapot, pour repérage sûrement, et, après 3 ou 4 battements de leur voilure de bombardiers ils remontent , tournoient quelques secondes et descendent en piqué, ailes partiellement repliées vers leurs proies, et plongent, malgré leur volume ( c'est gros comme une oie un pélican ), pour attraper cet empafé de poisson vachement plus svelte, mais qu'a rien vu venir comme un pauv benêt de poisson qui se retrouve dans l'estomac du B52 maintenant; du grand art!

Samedi 21 mars; confortablement installé sur le passavant babord, je profite le bon air, cependant que Malou est affairée dans une petite sieste; J'aperçois Monteserrat, pâlotte, à l'horizon, alors que Nevis se précise devant nous. Nous avons quitté Antigua ce matin pour nous rendre paresseusement à St Kitts distante d'une cinquantaine de milles. L'alizé souffle une petite quinzaine de noeuds, et nous n'avons même pas pris la peine d'envoyer la grand voile. Quelle importance? nous avançons à 6 nds sous génois et artimon, et, à ce rythme, nous devrions arriver vers 17 heures, alors, pourquoi s'agiter? nous venons de passer 2 jours à St John's, capitale d'Antigua. C'est le paradis des paquebots de croisière; il en vient un ou deux par jour, abritant chacun plus de 4000 clampins ; du coup, cette bourgade plutôt sympa revêt un coté "galerie marchande" un peu hypertrophié à notre goût. Elle possède , par contre, une cathédrale du XIX ième siècle dont l'intérieur, tout en bois, est très belle, en plus d'être en rénovation.

Malou est tristounette aujourd'hui: hier soir, en rentrant de notre ballade pedestre le long de la belle plage voisine ( il y en a 365 dit-on sur Antigua....), son nouvel appareil photo qu'un père noël crépu lui avait apporté en Guadeloupe, sans doute pas encore complètement apprivoisé ( l'appareil, pas le père noël) a sauté de sa poche pour plonger dans les eaux troubles autant que turquoises de St John's harbour.....on ne l'a plus revu.

Escale à la sauvette pour St Kitts; en arrivant à Basse-terre, la houle de sud-est rend le mouillage plutôt rouleur; nous revenons en arrière pour jeter l'ancre dans Frigate bay qui nous donne l'impression d'être plus confortable; loupé, ça roule presque autant, sauf que l'ambiance est plus festive: belle plage, cocotiers, parasols et tout le fourbi......trop festive même; très difficile de dormir avant 5 heures du matin à cause des décibels envoyés par les boites de nuit de la plage. Dimanche matin, nous prenons un taxi pour pour aller visiter la ville qui rassemble de nombreuses demeures coloniales en bel état; hélas, les gens sont tous à la messe ou chez eux, ou je sais pas où, mais les rues sont désertes ou presque....par contre, le gros paquebot de croisière à quai a deversé son flot de touristes dans les galeries marchandes portuaires conçues pour eux: fringues, bibelots, souvenirs, duty free etc.....sans interêt! j'ai écris "à la sauvette" car nous ne nous sommes pas signalés aux autorités, et repartons furtivement dès lundi matin direction St Barth. L'alizé est faiblard, mais j'ai nettoyé les coques en plongée hier après-midi, et le canote avance tout de même pas trop mal; et puis l'avantage, c'est qu'on peut admirer à loisir les tortues qui ne plongent même pas à notre passage, ce qui est très inhabituel.

Quand au pain, j'ai eu une idée, que je ne qualifierais pas de géniale parce que ça fait un peu trop "mec qui croit qu'il a des idées géniales, alors que pas toujours....", mais, cependant, pas conne l'idée: au lieu d'ôter le sel contenu dans l'eau de mer pour en faire de l'eau douce, dans laquelle on ajoute ensuite du sel pour faire la pâte à pain, je la fais directement à l'eau de mer! vachement sioux non? attention: j'ai pas fait ça au pif; j'ai vérifié les proportions avant; ça coincide pile poil! ça fait déjà 3 fois que je procède ainsi, à la grande satisfaction de la totalité des consommateurs...... c'est vous dire

La récession est mondiale; c'était écrit en première page du "Monde"; pourtant, ici, on barbote dans l'opulence; Gustavia n'est que boutiques de fringues "superclass très cher", agences immobilières avec rien en dessous du million d'euros, échoppes d'antiquités ou d'objets d'art etc... au bistrot, un café c'est 3 euros et un bière 5. Pendant que je vous écris du cockpit du Catafjord, une jolie dame passe à coté, nageant vers la plage "accompagnée" par ses 2 anges gardiens habillés aux couleurs de leur palace flottant, à bord d'un runabout à moteur hors bord de 200 chevaux; ils veillent à la sécurité de la madame qui vient de s'élancer du motor-yacht de 45 mètres mouillé juste derrière nous, pour rejoindre la plage à la nage. Cette île est cependant tout à fait magnifique, avec sa multitude de criques aux eaux turqoises et sable blanc; c'est très valloné avec des centaines de petites maisons basses disseminées dans la verdure, et, aussi des demeures somptueuses en quantité. Par contre, la loi littorale ne semble pas s'appliquer ici; de nombreuses propriétés privées revendiquent leurs limites jusqu'à quelques mètres de la mer. Dans le port, une trentaine de mégayachts de plus de 35 mètres ( c'est le minimum requis ) sont venus courir la série de régates qui commencent demain; équipages rutilants, filles superbes, mecs musclés avec des lunettes de soleil qu'on sait même pas si y z'ont des yeux derrière, navires étincelants, champagne.....luxe et beauté à tous les étages....mais de récession, ici, on n'en a pas vu la queue d'une! nous sommes à St Barth, l'île des milliardaires.