voici environ 2 heures que nous avons quitté Ste Lucie et sa splendide Rodney bay; nous faisons routeau au près serré vers Le Marin en Martinique; l'alizé est toujours aussi alerte, et, comme c'est dimanche, je décide de la jouer cool: grand'voile à 1 ris, génois enroulé d'1,5 ris, et, on n'envoie pas l'artimon. Evidemment, ça va un peu moins vite, mais c'est bien peinard! nous avons quand même dépassé un Mikado ( coucou Denis ) qui fait route au moteur, balloté comme un bouchon. Tout à coup, soudainement, que vois-je derrière nous, un peu à notre vent?: un malotru, sournois de surcroit , qui est en train de nous grignoter tranquillement , profitant qu'on navigue pépère à cause que c'est dimanche comme je vous l'disais y'a pas une minute! y'a quand même pas que du beau linge sur la mer jolie, j'vous l'dis! moi, je fais mine que rien, mais je vous garanti que ça me contrit copieusement; bon, à sournois, sournois et demi, sans avoir l'air de m'y interesser, je peaufine mes réglages.....et ça a l'air efficace: il ne se rapproche presque plus....au bout d'un moment, nous sommes à 4 milles du chenal du Marin, et le malotru enroule son génois; ouf, il ne nous passera pas , et surtout pas au vent. Nous arrivons au cul-de-sac marin ( c'est le nom de cette anse bien abrité dans le sud-est de la Martinique). C'est absolument bondé de bateau; il y en a des centaines! finalement, le malotru arrive quelques instant après nous: c'est un Catana 47 flambant neuf; ç'aurait pas été vexant de se faire gratter par lui, car c'est un excellent bateau. Nous mouillons derrière tout le monde, un peu abasourdis par cette densité de population.

La Martinique revêt pour nous un caractère de retrouvailles: c'est d'abord notre copain Manu qui a subi une désagréable fortune de mer le forçant à mettre un terme à son voyage avec Valérie; puis Caro et Pierre, nièce et neveu par alliance, qui habitent ici depuis quelques années, et, dans quelques jours, ce sera Daniel et Annie, amis de lougue date, installés en Martinique depuis pas mal d'années, et toujours accros de voiliers ( ils en sont à leur cinquième ou sixième....).

Aujourd'hui mardi, nous faisons une rencontre insolite: traversant le mouillage avec l'annexe pour aller à terre, notre attention est attirée par un canote en alu immatriculé à St Pierre et Miquelon; nous le hélons: "casse-tête! casse-tête!"; Stéphanie sort dans son cockpit, et nous prenons rendez-vous pour faire connaissance en fin de journée. Elle est née à St Pierre comme moi, et est venue aux antilles avec ce bateau il y a 5 ans; elle y vit seule avec sa fille de 16 mois et son chat; son bateau s'appelle "casse-tête"; c'était le surnom de son arrière grand-père, capitaine au loug cours sur les derniers grand-voiliers, et qui était réputé être un fameux "torcheur de toile", portant ses huniers un peu plus que raisonnable; il a fait ainsi dégringoler quelques têtes de mât, d'où son surnom.

mercredi 14 janvier:

Claire a 31 ans; à quelques jours près, nous aurions pû être avec eux, mais ce n'est pas le cas; dommage. Nous n'avons plus la possibilité d'utiliser le moteur babord; je ne vous l'ai pas dit avant pour ne pas inquiéter les rares amis qui ne nous veulent pas de mal (humour...), mais, le tourteau d'accouplement (ça fait un peu porno animalier comme nom, vous trouvez pas?) du moteur babord avait déjà eu l'occasion de nous gonfler le boudin il y a quelques mois, et là, c'est l'apothéose: il est totalement ruiné! A ceux qui pensent :"ils ont toujours un truc en rade", j'espique:" détroupez-vous, des fois il y en a plusieurs"; et ça, c'est parce que nous avons un bon bateau; car je pourrais vous citer nombre de canotes où c'est l'inverse: rien ne marche, sauf de temps en temps un truc ou 2 qui accepte de reprendre du service, mais c'est tout. Bref, pour fêter l'anniversaire de Claire, Malou et moi décidons d'acheter une perceuse neuve pour remédier au désastre du tourteau babord. Une heure de perçage des 32 mm d'inox de l'arbre, un boulon de 10 mm en travers, et ça remarche! hélas, le look de ma réparation pourrait laisser à penser que je ne suis qu'un gros gougnafier de bricoleur médiocre, alors que pas du tout! mais c'est compliqué, un peu coûteux, et un peu longuet pour se procurer la pièce de rechange et la mettre en place, c'est pourquoi j'ai osé la solution du bricolo.....la suite nous dira si c'est jus d'essieux or not! et puis, un bienfait n'arrivant pas toujours en solitaire ( comme disait Vincent Riou, il y a quelques jours......), voilà t'y pas que le dessalinisateur, qui était en panne depuis 2 semaines, mais que j'avais remis en service vite fait grâce à un bricolage de ma composition ( mais provisoire celui-là ), le dessal disais-je donc, s'est trouvé réparé en un tournemain et comme par enchantement grâce à l'efficacité fulgurante du S.A.V. de DESSALATOR; loin de moi l'idée de faire de la réclame bénévolement à ce fabricant, mais, pourtant, il le mériterait amplement: figurez-vous que, suite à la panne ci-dessus brièvement relatée ( en général, je relate assez brièvement, vous l'aurez remorqué, (comme on dit dans les capitaineries)......), j'avais envoyé un mail à Dessalator en racontant notre infortune, et en congluant ( berk ...): "et maintenant, comment que je fais-je?". Eh bien, à peine arrivés au Marin, le concessionnaire local avait déjà reçu par chronopost la poulie de rechange, accompagnée d'une deuxième, par sécurité, et avait mandaté un opérateur pour venir à bord du cataf remettre le bazar en état et le tester! c'est pas de la conscience professionnelle ça? une notion qui tombe en désuétude pourtant......notez bien: DESSALATOR.