un dernier petit barbeuc sur le quai avec les amis, et nous quittons Jacaré. Nous avons 82 milles à parcourir. Cette fois, nous adoptons l'option "nuit": départ à 15 heures sous génois seul, avec l'objectif de ne pas dépasser 5 nds pour arriver à Natal de jour. Ca marche impec, et nous franchissons la passe d'entrée du rio Potengui à 7h30 après une navigation bien tranquille (sauf qu'il a phallu (ouaf, ouaf, l'orthograf...) bien veiller pour éviter les nombreuses embarcations de pêche qui naviguent sans feux réglementaires (voire même sans feux du tout quelquefois....)

mouillage devant le Iate clube, formalités d'entrée, tout se passe tranquilo ( ça veut dire peinard en portuguais)

ce Vendredi est consacréà une grande excursion à pied pour découvrir Natal; nous commençons par la visite du fort des rois mages, construit en 1598 (par Emile, Melchior et Balthazar, tous trois à la veille de la retraite, où un truc du genre, je me rappelle pas bien....), pour lutter contre les Français ( y nous aimaient pas à cette époque là, mais depuis Zidane, ça s'est vachement arrangé).... nous, pendant les espications du guide, on fait mine que rien, et on moufte pas....

très beau fort ( comme disent les experts en météo ), en forme d'étoile; et puis, ça nous permet de s'abriter, car il y a juste une bonne averse....

S'en suivent quelques kilomètres à pied le long de la plage, et nous arrivons à une sorte de centre artisanal où nous nous répartissons en 2 groupes: un qui sirote une "cerveja" en terrasse en regardant les surfers ( entre autres ), et une qui "fait" les boutiques pour tenter d'amenuiser le pécule accumulé au cours de nombreuses années de dur labeur.... (eh si! bien sûr...)

Au bout d'un moment, l'amenuisement ayant été jugé suffisant pour aujourd'hui, nous reprenons notre marche/découverte à travers la ville jusqu'au quartier des pêcheurs. Après l'emplette des crevettes fraiches pour le repas du soir, retour à bord, un petit film et au lit... rude journée donc, pour faire un peu connaissance avec cette ville de 700 000 habitants, qui est une des principales destinations touristiques du Brésil à cause de ses immenses plages et dunes de sable blanc.

Dimanche 5 heures: debouts depuis 1/4 d'heures, nous avalons un petit déj hâtif avant de déraper l'ancre. Ce départ matinal fait partie de notre stratégie pout atteindre Fortaleza avant demain soir, et y arriver de jour. L'objectif est un peu ambitieux, mais la météo est favorable. Sitôt les jetées franchies, les eaux de la rivière rencontrent la mer et les hauts-fonds, pour créer des creux tout à fait incomfortables. L'alizé souffle à plus de 20 nds. La toile est envoyée, et le canote s'élance à plus de 8 nds malgré la carène déjà sale; c'est bien parti!

Hier, j'ai tenu à supprimer une ligne sur ma liste de "petits travaux":

c'était: "faire une ligne de traine"; garnd bien m'en a pris, car, vers, 11h40, alors que je dormais pendant le quart de Malou, elle m'appelle pour me signaler qu'une bonite de plus de 60 cm a eu l'intelligeance de venir goûter à mon leurre; j'écris "intelligence" exprès, à cause de l'heure; midi moins vingt! pour sortir de l'eau et prendre la direction de la poêle à frire, sous la conduite de Malou, ça peut pas être le hasard; c'est, sans aucun doute, le résultat d'une démarche réfléchie que je trouve tout à fait remarquable de la part d'un modeste poisson; isn't it?

Le vent reste soutenu; nous prenons un ris au crépuscule, afin que les surventes qui dépassent parfois 25 nds cette nuit se transforment intégralement en vitesse sans angoisse. Réduire cette grand-voile de 72 m2 au portant, quand elle est plaquée contre le gréement, avec les lattes du haut qui font des "S", c'est physique. En général, j'essaie d'anticiper pour n'avoir pas à le faire de nuit au plus fort d'un grain....

La chance est avec nous; après une belle navigation et pas mal de manoeuvres, nous mouillons à Fortaleza à 17h30; le soleil se couche, et c'est beau! bon on va dormir maintenant....

mardi, nous aurions bien trainé un peu dans la couchette, mais hélas, le bateau, c'est pas l'hôtel; il y a toujours des trucs imprévus.

A 5 h du mat, dans une bonne survente, je me reveille, comme alerté par quelquechose d'anormal;

je saute sur le pont.... de fait, l'ancre a dérapé, et nous avons reculé d'au moins 100 m!

nous sommes même quasiment sortis du port.... le jour est sur le point de se lever, aussi nous décidons de remouiller plus avant; le fond est de mauvaise tenue; il faut s'y reprendre à trois fois.

A 6h, tout est clair. Un bon ptit déj dans la foulée, et retour dans la couchette avant de s'attaquer aux formalités d'entrée. Il y a juste à coté de nous, un petit port de plaisance parfaitement abrité appartenant à un majestueux hotel de luxe. C'est là que nous accostons l'annexe. Le responsable nous accueille fort chaleureusement, et nous explique vite fait qu'il est interdit de mouiller comme nous l'avons fait, et donc, c'est marina obligatoire!

Ca fait maintenant plusieurs mois que Catafjord n'a pas mis ses coques dans une marina; à cause qu'en général ça coûte très cher. Après quelques négociations, Malou obtient des conditions raisonnables; reste maintenant à venir loger le canote dans cet espace restreint. La manoeuvre est délicate; il faut d'abord mouiller l'ancre, puis amener le bazar cul à quai avec 25 nds de vent de travers! Heureusement, un matelot du port, fort habile, porte une amarre a terre et fait le remorqueur avec son annexe; ainsi, avec trois personnes aux amarres sur le ponton, le gars dans son annexe qui pousse le bateau, et nous deux à bord, Catafjord de trouve majestueusement amarré devant l'hotel à 12h30! La matinée y est passée.....

Pour compenser, l'après-midi est consacrée à la visite du marché artisanal à 2 pas d'ici.

FORTALEZA: comme dans toutes les autres grandes villes brésiliennes, le plus grand dénuement cotoie l'opulence. L'insécurité qui en découle ne se manifeste pas partout de la même manière, et se "ressent" physiquement plus ou moins. Ici, il est fortement recommandé de se balader bras ballants, et de n'arborer ni appareil photo, ni montre , ni sac d'aucune sorte susceptible d'être soupçonné de contenir quelque richesse, car le vol à l'arraché est très courant.

Nonobstant ce détail, il y a, nous dis-t-on, beaucoup moins de violence ici qu'à Rio ou à Recife, car il circule nettement moins d'armes à feux; et, donc, il se promène beaucoup moins de balles perdues ( pas perdues pour tout le monde.....)

Fortaleza compte environ 3 millions d'habitants; on y trouve des centaines d'immeubles de plus de vingt étages, souvent très cossus, souvent carrelés de bas en haut, et souvent situés à quelques centaines de mètres de favellas, abritant des gens qui vivent avec 2 dollars par jour......

J'allais oublier de vous parler du tri seléctif des déchets; ici, rares sont les endroits où vous trouverez des poubelles marquées "carton", "plastique", "verre", etc.....; non; rares sont les poubelles tout court! par contre, il existe tout de même une forme de tri selectif très répandue: le vulgum pecus dépose ses ordures là où il peut, avec plus ou moins de civisme selon les individus; ensuite, un petit contingent de pauvres pas forcemment fenéants décortique laborieusement les poubelles pour y soutirer, qui les canettes en alu, qui les sacs plastiques, qui les cartons, qu'ils iront revendre pour quelques réals durement acquis, aux entreprises de recyclage. C'est pas beau ça?.... ça pourrait s'appeller "recyclage automatique"....En plus, quand ils trouvent un truc qu'ils jugent encore comestible ( c'est souvent, car ils n'ont pas des critères de bourgeois, et sont peu regardants sur les dates limites de fraicheur), ils le boulottent direct pendant le boulot ( boulotter pendant le boulot: amusant non?). La belle vie qu'y z'ont pas ces types!: ils s'enrichissent en se gobergeant! quelle leçon!

Quand à ces Fortaléziens, je vous le dis comme je le pense, ça ne m'a pas surpris qu'ils n'aient pas glanés de médaille en curling aux J.O.; y s'entrainent pas assez! ça se voit tout de suite. Mais comment leur dire?... en plus y s'en foutent....et moi donc....