Je trouve amusant que ce soit notre ami Sandoval, propriétaire de la marina de Ribeira, que nous surnommons amicalement "Sando" , qui nous ait fourni une vieille chambre à air de camion pour fabriquer les élastiques nécessaires au rappel des haubans sous le vent; (sando, qui fournit des élastiques, c'est supercomique non? )

Je sais pas vous mais ici, la rentrée, a été, disons, tonique!

Après des mois de vacances sédentaires, en baie de tous les seins, ce lundi matin 11 août, le programme c'est: debout à 6h30, ancre dérapée à 7h30, direction la barge à gas-oil de Salvador, à 5 milles d'ici. Temps maussade, ciel bas, grains, et une pluie diluvienne pour nous accueillir......

10h: les reservoirs sont pleins; encore une petite demi-heure pour nettoyer les quelques litres de carburant échappés du réservoir central, par l'évent, et qui ont transformé le poste de pilotage en une glauque patinoire....

C'est parti; un ris dans la grand' voile, appuyés au moteur pour passer les quelques milles au vent de Salvador, et nous voilà confortablement installés dans le shaker; nous ne sommes plus ammarinés, et la mer est agitée à fortement desordonnée; le vent passe en quelques minutes de 12 à 25 noeuds; manoeuvres incessantes....

Heureusement, nous sommes en pleine forme, et , ma reine des équipières assure un max: elle nous mijote de bons petits repas, participe à toutes les manoeuvres, et se lève 3 fois par nuit pour veiller par quarts de 2 heures.

Nous avons décidé d'aller à Aracaju, pour visiter le chantier Tecna, qui fabrique de superbes catamarans sous la direction de Philippe Pouvreau. Arrivés devant la barre du Rio Sergi, qui mène à la ville, il est 7h du matin, et la mer est toujours aussi forte. Entre la ville et nous, c'est un champ d'écume blanche; ça ne m'inspire pas du tout; je décide de renvoyer la toile; on continue vers le nord....au près, car, hélas, nous sommes au fond d'une immense baie, et , le vent est maintenant dans le pif pour en ressortir;

encore un bon grain avec ses 25 noeuds de vent, puis l'alizé s'assagit et nous emmène gentimment à Suape pour une petite halte après ces 2 jours en mer. Aujourd'hui, le monde de nos amis de rencontre se partage en deux clans: ceusses qui descendent (mais pas dans notre estime ) ( vers Rio, Angra dos Reis, Argentine, etc....), et que nous ne reverrons sans doute pas avant longtemps, et ceusses qui, comme nous, remontent, et qu'on retrouvera très probablement aux escales à venir.

Avant de quitter Itaparica, un bon contingent du 1er clan s'était regroupé pour nous inviter chez nous, à bord du Catafjord, à fêter dignement la séparation: ils se sont pointés vers les 19h avec quelques victuailles, puis nous avons apéroté et dansé au son de mes super-enceintes acoustiques hi-fi que j'ai fabriqué dans le carré, et qui nous distillent tous les décibels de bonne musique qui vont bien. Adios amigos; hasta luego.....

COMMENT NOUS AVONS ETE ATTAQUES PAR UN SERPENT DE 150 METRES DE LONG!

Bien sûr qu'on l'avait vu! une bestiole de 150 m de long, ça se remarque. D'ailleurs, elle nous avait un peu agacés tranquillement vautrée sur notre petite plage du mouillage de Suape, nous obligeant à jeter la pioche un peu plus au large. Et puis, franchement, avec sa trentaine de grosses papates et sa couleur rouille, elle gâchait un peu le paysage. Qu'importe, nous sommes venus là prendre quelques repos sur la route de Jacaré, ça ira très bien comme ça. La nuit, endormie qu'elle était, échouée sur la plage, elle ne couinait même pas; pour tout dire, elle ne dérangeait pas des masses.

Mais c'est aujourd'hui jeudi qu'elle a décidé de faire son petit coup sournois ( comme disait la jeune mariée.....). Vers 15 h, avec l'aide du courant de marée, le monstre s'est mis à onduler lentement. Lentement, mais sûrement! Tante est si bien, que nous sommes contraints ( et contrits) de déraper l'ancre vite fait alors même qu'elle est là, juste à coté du canote , prête à nous.....je sais pas quoi, mais ça va pas tarder à toucher en tout cas. Bon, vu de près, le monstre s'est revelé n'être qu'un assemblage d'une quinzaine de tuyau d'acier de pipe-line, perchés à un mètre au dessus de l'eau, sur de gros flotteurs rouillés.

On remouille un peu plus loin, en attendant l'heure de notre départ pour Jacaré, que nous avons fixé à 3 h du matin.

Départ de nuit donc, pour tenter d'atteindre notre destination de jour. Tout se passe bien, mais le vent faiblit bientôt, et, nonobstant l'établissement du spi, la vitesse est insuffisante pour espérer avaler les 90 milles avant la nuit. En conséquence, nous adoptons la combinaison grand'voile/génois en ciseaux + moteur; et ça marche....

à 18 heures pile, il fait juste nuit depuis quelques minutes, et l'ancre tombe devant Jacaré village; pourquoi pas un petit gorgeon pour fêter ça comme aurait dit kionsé..... ( qui, à tant boire de whisky, est devenu connu comme le houblon.... )